ÉDITORIAL
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Selon Élections Québec et Statistiques Québec, ce sont respectivement, et du premier au dernier, le montant de votants, de citoyens inscrits et de Québécois au total. Il y a plusieurs conclusions évidentes à tirer de ces trois nombres, il suffit d’en regarder les deux premiers chiffres !
Pour commencer, seulement deux personnes sur trois ont fait le déplacement pour exercer leur droit. Ce n’est clairement pas assez pour une démocratie, mais si l’on se souvient du chiffre des élections municipales (33 %), on se console, comme dit l’expression ! Et c’est égal au taux de participation de 2018. Alors ? Alors… La participation stagne depuis plusieurs années, avec une tendance à la baisse sur un demi-siècle, toutes élections confondues. Certains pourraient demander que le vote soit rendu obligatoire… D’autres rétorqueraient aussitôt qu’on leur prend une liberté de plus… Que faire ? Il y a manifestement un désintérêt croissant pour la politique (partisane), une perte de confiance énorme, une perte du crédit donné à nos gouvernements pour accomplir leur mission, pour prendre soin de la population. C’est grave. Et si l’on comptabilisait le vote blanc, par exemple, comme l’expression véritable d’une fidélité à la démocratique, et non seulement comme un désaveu des forces en présence ?
Ensuite, la CAQ, qui se targue d’avoir « un mandat clair » de la population, ne récolte finalement que 41 % de 66 % ; un quart (soit à peine un sur deux) des électeurs ayant voté, soit un-e Québécois-e sur quatre. Vos deux voisins, celui de droite et de gauche, mais aussi celui au centre en face de vous, n’ont pas voté pour le premier ministre de la continuité Legault. Vu sous cet angle, cela parait incroyable, non ? Avec leurs 600 000 votes et leur soi-disant « mandat fort », eux aussi, les libéraux devraient moins claironner : s’ils avaient la moindre parcelle d’intégrité politique et morale, ils devraient plutôt reconnaitre que, dans les faits (en termes de soutien populaire), ils sont troisièmes derrière QS… et pas mieux que le PQ. Ajoutez-y le PCQ, qui les talonne !
Ces quatre partis font pitié, disons-le. Pour des raisons différentes et que l’on peut déplorer ou pas, selon nos préférences. Cependant, objectivement, entre un parti libertarien — naissant et opportuniste — un parti qui a perdu le Nord — et racole ce qu’il peut, cantonné qu’il est à Montréal — un parti qui a retrouvé son Nord, mais dont les électeurs voient de moins en moins la pertinence — et un vrai parti de gauche, qui a la justice chevillée au corps, mais qui s’est converti au wokisme et au multiculturalisme — comment faire pour qu’ils soient justement et dignement représentés à l’Assemblée nationale ? Peut-être, introduire de la proportionnalité dans un scrutin uninominal majoritaire à un tour venu directement des temps anciens du dominion britannique ?
C’est pour cette même dernière raison qu’aucun parti n’est prêt s’allier à un autre, prêt à collaborer pour monter une liste électorale ? N’y a-t-il donc aucun point commun, aucun terrain d’entente, aucun dénominateur commun entre vous ? Quelque chose qui permettre au Québec de gagner contre les crises que nous traversons, quitte à y perdre un peu ? La « tradition parlementaire », le système britannique ont bon dos. Pour le bien de tous, s’il vous plait, mettez vos ego de côté, soyez humbles et surtout, soyez pragmatiques !