ÉDITORIAL
Action climat synchronisée !
Il y a une dizaine de jours, j’ai eu l’immense plaisir de participer à la première édition de la tournée « Faut qu’on s’organise », qui commençait à Gatineau, sur l’initiative d’un collectif soucieux de voir la crise climatique prise au sérieux par nos gouvernements. Groupes communautaires, travailleurs et travailleuses pour la Justice climatique, mouvement étudiant, Chantiers ZéN, Action climat Outaouais, La planète s’invite au parlement, Mouvement d’éducation populaire… les organisateurs sont des OBNL, des associations de citoyens qui désirent reprendre la main, alors que la pandémie s’essouffle — quoi qu’on en dise, c’est bel et bien le cas, ce qui n’empêche pas le maintien des gestes barrières et de la vigilance. Très bien organisée, la journée a commencé par une conférence et un atelier de conception d’une action en petits groupes, avant de proposer de la formation sur différents aspects d’une mobilisation sociale en après-midi. Le public présent était varié, en provenance de la société civile et de tous horizons : partis politiques, syndicats, associations locales œuvrant dans divers domaines, individus concernés par l’urgence climatique…
Fait intéressant, moi qui pensais être pas mal informé sur les changements climatiques, j’ai affiné mes connaissances, ce qui n’a fait que m’encourager à continuer la lutte. Par exemple, saviez-vous que chaque particule de CO2 n’est pas égale ? Il y a des effets de seuil, des points de bascule, au-delà desquels les conséquences seront irréversibles, mais leur progression dans le temps n’est pas linéaire, elle est exponentielle ! Et puis, notre contribution aux émissions de GES doit être évaluée sur le plan de la production (usines, mines, forages, etc.), mais aussi de la consommation ; dans les deux cas, le Canada est l’un des champions mondiaux. Et ce n’est pas près de s’arrêter avec la hausse de l’extraction de pétrole et de gaz prévue dans l’Ouest, dans les décennies à venir. Enfin, la transition est impossible dans le système actuel, si l’on compte sur des technologies qui n’existent pas encore, dont la réalisation nécessite elle-même de l’énergie sale et dont les grandes compagnies polluantes sont les propriétaires. Le temps imparti est trop court, surtout si nous croyons encore pouvoir continuer de consommer ainsi ad vitam aeternam. « L’externalisation des coûts » vers d’autres pays, le gaz, la séquestration de CO2, l’électrification massive, la bourse Carbone ne sont que des solutions, proposés par les gros joueurs du système économique capitaliste (ouh ! Le gros mot !) qui nous ont entrainé dans cette situation.
Dans les ateliers et formations, nous avons pu acquérir les outils pour planifier une action citoyenne de « dérangement » ou de « désobéissance » (blocage, occupation, perturbation parlementaire ou de l’espace public, ralentissement du trafic, descente de bannière, sit-in, dance-in, die-in, campement, commando-bouffe, chaine humaine, graffiti…). Rien d’extrême, si l’on considère les Gandhi ou Mandela de ce monde comme des modèles. Et à situation radicale, solutions radicales, non ? Si vous doutez, tournez le regard vers l’ouest ou l’est… Qui a perdu sa maison dans les inondations ? Des gens comme vous et moi. Les privilégiés et les exploiteurs de ce monde continuent de s’en tirer à bon compte ! Ce qui explique la désynchronisation de l’action climat par les grands décideurs à l’échelle mondiale. À qui croyez-vous que profite le crime actuellement ? Ce qui est certain, c’est qu’en 2022, la société civile se réorganise ; il va y avoir de l’action !