À vos marques, prêts, jouez!
Adoption d’un projet pilote sur le jeu libre dans les rues de Gatineau
Marie-Ève Turpin
Qui n’a jamais aperçu un groupe d’enfants jouer au hockey dans la rue, déplaçant leur filet au passage d’une voiture pour reprendre la partie de plus belle une fois celle-ci éloignée. Une scène typique du paysage urbain québécois, surtout pendant la période estivale. Pourtant, même s’il est grandement toléré par les Villes ainsi que les services policiers, le jeu dans la rue est interdit partout au Québec en vertu du Code de la sécurité routière, qui prohibe l’entrave de la chaussée. Cette situation est toutefois appelée à changer en raison de l’adoption, par l’Assemblée nationale, du projet de loi no 122, lequel vise principalement à accroître l’autonomie et les pouvoirs des municipalités, reconnaissant ces dernières comme des gouvernements de proximité. Selon l’article 78 dudit projet de loi, « une municipalité peut permettre, par règlement, le jeu libre sur un chemin public dont la gestion lui incombe ». Il précise également que « la municipalité peut déterminer, parmi les dispositions du règlement, celles dont la violation constitue une infraction et en fixer les amendes applicables, sans toutefois que celles-ci puissent excéder le montant de 120 $ ».
Dans ce contexte, lors d’une mêlée de presse le 28 janvier dernier, Mme Renée Amyot, conseillère du district de Limbour et présidente de la Commission Gatineau, Ville en santé a annoncé la mise en place d’un projet pilote d’une durée d’un an permettant la pratique du jeu libre dans la rue, et ce, de façon sécuritaire. Dans le cadre du projet pilote, le jeu libre serait autorisé dans certaines rues locales (maximum de 50) qui répondent à divers critères de sélection. Il devra notamment s’agir de rues locales où la vitesse permise est de 40 km/h, qui ne comportent aucun circuit de transport en commun et qui ne sont pas situées devant un parc ou un commerce, ou dans une zone scolaire. Comme l’a expliqué Mme Amyot, « On ne peut pas permettre le jeu partout. Si on veut qu’il y ait une bonne acceptabilité sociale, il faut intégrer un code de conduite à notre réglementation concernant le comportement des enfants, les heures de jeu permises, les responsabilités de part et d’autre, etc. ». Mme Amyot a ajouté que « le niveau de tolérance des services policiers envers le jeu libre sera réduit aux endroits où il n’est pas autorisé ». Ce projet pilote, dont l’entrée en vigueur est prévue en juin 2020, s’inspire d’une initiative lancée par la Ville de Beloeil en 2016, intitulée « Dans ma rue, on joue! ».
Rappelons qu’à l’hiver 2018, la Ville a procédé à une consultation en ligne sur la possibilité d’un projet pilote sur le jeu libre dans la rue. Cette consultation visait à recueillir les suggestions et préoccupations de la population à l’égard du jeu dans la rue. Plus de 1 761 personnes ont répondu au questionnaire en ligne. Les principales préoccupations soulevées concernaient la sécurité, l’acceptabilité sociale et les investissements nécessaires. Selon 88 % des répondants, certaines rues résidentielles de Gatineau se prêtent à la pratique du jeu libre. Les Gatinois pourront soumettre une demande visant leur rue locale à compter de la fin février. La sélection des rues se fera selon le principe du premier arrivé, premier servi.
En plus de permettre aux enfants de jouer librement dans les rues résidentielles en toute sécurité (et en toute légalité), la Ville de Gatineau cherche à maximiser les opportunités pour les citoyens, surtout les jeunes, de bouger, aspect non négligeable en cette ère du numérique, où les enfants ont tendance à se cloîtrer à l’intérieur pour
« pitonner » plutôt qu’à sortir à l’extérieur pour jouer.
Le projet devrait être soumis à l’approbation du Conseil le 18 février.