ÉDITORIAL
Allez vert (le bureau de vote)!
Je sortais de la chronique «Zeitgeist» de Josée Blanchette dans Le Devoir et réfléchissais encore à l’éditorial pour le Bulletin. À une semaine des élections provinciales. Je me disais que revenir sur ces dernières risquait de dégoûter un peu plus des Aylmerois à l’image des autres citoyens des pays industrialisés, qui sont 50 à 70 % à voter(tendance à la baisse). Et je ne parle pas des jeunes, particulièrement en Outaouais (moins de 50 %). En même temps, les enjeux sont tels… Si vous, chers lecteurs, n’êtes probablement plus à convaincre, vos enfants ou petits-enfants le sont probablement. Et là, je tombe sur cet extrait vidéo partagé par un ami français sur Facebook (« Adrien Cy, collapsologie, les limites à la croissance »). Que pouvais-je faire d’autre?
Mais reconnaissez que depuis une semaine, l’environnement s’est enfin invité dans la campagne électorale. À quelques jours du scrutin, il était temps. Il a fallu que des journalistes et chroniqueurs, des organismes tels qu’Équiterre ou Greenpeace ou de simples citoyens manifestent et publient, bref que la société civile s’organise… Et qu’une tornade dévaste la région, et en particulier le quartier Mont-Bleu, près de chez nous.
Alors, tout à coup, le PLQ sort de son chapeau un plan environnemental… Comme par magie, ou disons-le par opportunisme. Parce que comme pour le reste, on a un peu du mal à y croire. Il suffit de voir son bilan. Déjà, en 2005, à peine deux ans après son retour au pouvoir, une étude de l’Université de Sherbrooke notait que seulement 40 % des engagements étaient en cours et un misérable 8 % avait été réalisé. Depuis? Guère mieux selon Équiterre. Et pour l’avenir? Il suffit de consulter le document que les tribunaux essaient injustement de censurer : « Réponses des principales formations politiques aux 23 priorités environnementales d’une coalition de groupes environnementaux et citoyens ».
Les conclusions sont éloquentes. Sur la question climatique, seuls QS et le PQ se qualifient; à propos du transport et de l’aménagement du territoire, QS est loin devant les trois autres; pour l’agriculture et les forêts, rien sauf pour QS; sur la biodiversité le PLQ arrive à égalité avec QS et le PLQ; enfin, tout le monde veut adopter un plan de transition pour une économie sobre en carbone. Bref, grand gagnant de la défense de l’environnement : Québec solidaire… Et en fait, plus encore, le Parti vert du Québec qui, malheureusement, n’a pas voix au chapitre, mais dispose pourtant d’une plateforme audacieuse, cohérente et pertinente.
En effet, l’écologie devrait être LA priorité, elle touche tous les domaines de notre vie, y compris la santé, l’éducation ou l’économie. Et nous sommes en droit de le réclamer! Arrêtons de penser que l’approche modérée, progressive, non contraignante et consensuelle fonctionnera. Il est urgent que nos gouvernement prennent des décisions coercitives et visionnaires, contre nos faiblesses et caprices. L’Histoire nous montre que l’être humain ne sait pas se freiner. Face au gouffre, nous accélérons alors qu’il faudrait ralentir. Notre monde a des ressources finies et nous voudrions une croissance infinie. Les scientifiques en concluraient que le système deviendrait alors instable. Or, une telle situation ne peut conduire qu’à une seule chose selon les modèles : un crash. À nous d’en limiter les dégâts en votant intelligemment!