OPINION
Arrêtez de nous dire que c’est impossible, donnez-nous des choix
Il y a quelque chose de surréaliste dans ce qui arrive présentement avec le plan proposé cette semaine pour le réaménagement du boulevard St-Joseph.
Cela est reconnu depuis plusieurs années - les études le démontrent - les cyclistes dépensent plus d'argent dans les commerces que les gens utilisant n’importe quel autre moyen de transport. Et les cyclistes dépensent près d'un tiers de plus que les automobilistes. C’est le principe de la ‘Véloconomie’. Cet argument à lui seul mériterait qu’on présente des options de plans avec une piste cyclable sur une rue commerciale comme le boulevard St-Joseph.
De plus, le coût de l’infrastructure d’un seul stationnement pour une voiture est équivalent au coût de 160 stationnements pour vélos.
En termes d’espace, plus de 20 vélos peuvent occuper la place d’une voiture. C’est significatif en termes de réduction de la congestion routière.
Lorsqu’on crée des espaces de stationnement sur St-Joseph, on utilise l’espace public pour en faire de l’espace de stockage de voitures. Il y a nécessairement deux formes de gaspillage qui en résultent. D’une part, une voiture est généralement inutilisée à raison de 90% du temps. D’autre part, le stationnement par lui-même est souvent vacant.
On doit donc plutôt miser sur les espaces de stationnement déjà existants des rues avoisinantes, ou encore les espaces des commerçants, pour en maximiser l’utilisation.
Investir dans l'infrastructure cyclable et permettre à plus de personnes de se déplacer à vélo ou à pied sont les meilleurs moyens pour revitaliser les villes et leurs centres-villes.
Alors ça vaut le coup de tenter de réduire la place de la voiture dans la portion du boulevard St-Joseph près du boulevard Taché, pour redonner la place aux vélos, aux piétons et au transport en commun. Réduisons l'espace occupé par les automobiles et on verra la part du transport actif augmenter, j’en suis convaincue.
D’ailleurs dans ce secteur, l'infoterritoire de la ville révèle que, déjà en 2011, 26,6% des résidents du quartier se déplaçaient en transport actif et ce, même avec peu d'aménagements cyclables et piétons agréables. Saint-Jean-Bosco, c'est 17,2%. Le secteur Gamelin, 19,5%. Jean-Dallaire, 20,2%.
Des multitudes d’exemples à travers le monde nous permettent d’affirmer que c’est la direction à prendre.
Vancouver a multiplié les pistes cyclables qui arrivent au centre-ville et, depuis 2015, 50% des déplacements se font autrement qu'en auto. Le chiffre d'affaires des commerçants a augmenté de plus de 30%. À Copenhague, on a réduit les espaces de stationnement de près de 50% dans les quinze dernières années. Au centre-ville de Stockholm, 8% des déplacements se font en auto, 25% en transport commun et 67% en vélo ou à la marche.
Il y a cette nouvelle vague de politiciens qui veulent saisir la possibilité de transformer leurs noyaux urbains et de remettre les gens au centre de l’urbanisme en réallouant l'espace routier, en faisant la promotion du cyclisme comme le meilleur moyen de se déplacer dans un quartier. Le citoyen se réapproprie l’espace public et une rue renait.
Alors à ceux qui développent notre ville, sachez que ce virage vers les déplacements durables est nécessaire et que la volonté politique est au rendez-vous. On vous envoie d’ailleurs un message clair en ce sens depuis plusieurs années : plan directeur vélo, le concept des rues complètes, programme du conseil, plan stratégique, etc. Alors cessez de nous dire que c’est impossible et donnez-nous des scénarios qui répondent à notre vision et laissez-nous choisir.