Aylmer Taxi s’insurge face au projet de loi 17
L’entreprise Aylmer Taxi se dit déçu par la décision du gouvernement Legault d’aller de l’avant avec le dépôt du projet de loi 17 concernant le transport rémunéré de personnes par automobile.
Selon les dires de Joe Abou, président d’Aylmer Taxi, cette loi viendrait assurément mettre un terme à l’industrie du taxi au Québec. « Avec ce projet, c’est comme si vous venez de mettre des gens à la porte », mentionne le président.
Ce dernier souligne que plusieurs de ses employés vivent des moments d’angoisse et de stress intenses depuis quelques semaines. M. Abou dit être en communication continuelle avec les chauffeurs d’Aylmer Taxi pour s’assurer qu’ils « vont bien ».
L’industrie du taxi a quatre représentants à Gatineau, M. Abou étant celui du secteur Aylmer.
À l’échelle provinciale, c’est Abdallah Homsy qui est porte-parole du Regroupement des intermédiaires du taxi de Québec (RITQ). Selon le RITQ, il y a près de 22 000 chauffeurs de taxi partout au Québec. « Je n’ai rien vu dans ce projet de loi qui est pour notre industrie », a dit M. Homsy lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale. « On veut détruire cette industrie-là, on veut créer une anarchie, mais en modèle 2.0 », avait prononcé le représentant.
Les chauffeurs de taxi de Gatineau avaient convergé au centre-ville de Hull le 25 mars pour manifester contre le projet de loi caquiste. Ils s’étaient ensuite dirigés vers le bureau de comté de Mathieu Lévesque, député de Chapleau, sur le boulevard Gréber. À pareille date, d’autres manifestations avaient eu lieu partout en province.
Si la position du gouvernement ne change pas dans les prochaines semaines, les compagnies de taxi promettent des moyens de pression multiples pour contester le projet. « On ne cherche pas à nuire à la population, on veut juste montrer nos points de vue au gouvernement », dit Joe Abou.
Récapitulatif du projet de loi
Déposé le 20 mars par le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, le projet de loi enlèverait les contraintes existantes dans l’industrie du taxi. Il abolirait les quotas de permis de taxi. Le marché ne saura donc plus limité aux détenteurs de permis actuels. Cela aura pour conséquence de diminuer la valeur des permis.
Les chauffeurs de taxi espèrent bien que le gouvernement rembourse la totalité du coût des permis. Selon la Commission des transports du Québec (CTQ), du 1er avril 2017 au 31 mars 2018, le coût moyen pour un permis de taxi à Gatineau était de 110 714$. Comme indiqué sur son site web, le RITQ déclare que « pour beaucoup de travailleurs du taxi, cet achat de permis, c’est l’investissement d’une vie ».
Pour contrer les conséquences négatives de la réforme, le provincial versera un demi-milliard de dollars à l’ensemble des détenteurs de permis de taxi du Québec.
En permettant la concurrence aux entreprises de taxi, la réforme réduirait ainsi les charges administratives « imposées aux chauffeurs et aux propriétaires d’automobiles utilisées pour offrir du transport rémunéré de personnes ». À l’intérieur de son projet, le gouvernement indique qu’il « vise à favoriser l’émergence de moyens technologiques et de modes de mobilité ».
Les applications mobiles pourront fixer le coût des déplacements. Par contre, le prix des courses pour les taxis continuera d’être fixé par la Commission des transports du Québec (CTQ).
M. Bonnardel ne tranche pas et annonce que la loi ira bel et bien de l’avant. « Nous avons résolument choisi de placer les intérêts des usagers, qui veulent bénéficier de services compétitifs et accessibles, au centre de ce projet de loi », a lancé le ministre québécois lors d’un point de presse à Québec.
Le gouvernement du Québec prévoit l’entrée en vigueur de la loi 17 en juin. Comprenant 26 chauffeurs, Aylmer Taxi est la seule compagnie de taxi dans le secteur.