ÉDITORIAL
Bla-bla, bla-bla, bla-bla
À quoi sert le G7, dont on nous a rabattu pas mal les oreilles ces derniers jours, alors que le Brésil déboise la forêt amazonienne à hauteur de dix terrains de rugby (ou soccer) par jour? On peut se poser raisonnablement la question, puisqu’il existe déjà une Assemblée générale de l’ONU, un Conseil de sécurité de l’ONU, un G20, bref d’autres forums multilatéraux. On peut même douter du bien-fondé de ce rassemblement quand on voit ses coûts exorbitants, les inconvénients locaux et le résultat pitoyable qu’il engendre. C’est la montagne qui accouche d’une souris.
À l’origine, en 1975, il s’agissait d’un groupe de discussion et de partenariat économique entre les chefs d’États ou de gouvernements des pays les plus « avancés » du monde (qui détiennent les 2/3 tiers de la richesse mondiale). Le Canada entra dans ce club très sélect dès 1976. L’année qui précède ce rendez-vous annuel, des groupes de travail se rencontrent dans tous les domaines (économie et finances, défense et sécurité internationale, éducation, environnement…) afin de préparer le programme du Sommet qui doit déboucher sur des initiatives concrètes, les pays s’étant théoriquement entendus sur des objectifs communs.
Cette année, c’était à Biarritz, en France, la fin de semaine dernière. Pays présents : Allemagne, Italie, Japon, Canada, Royaume-Uni, États-Unis et France; pays invité : l’Inde. Coût prévu : 35 millions de dollars; 13 000 membres des forces de l’ordre. Commerces de la ville fermés; façade maritime – Biarritz est au bord de l’Océan atlantique — interdite d’accès. Thème : « Contre les inégalités ».
Objectif : s’entretenir sur les questions de sociétés reliées aux crises majeures qui touchent notre planète. Rien de moins. Cet événement est à la fois une ode et un pied de nez au multilatéralisme. Un sommet du G7 se termine toujours par un communiqué final, qui consiste en général en une énumération d’engagements (verbaux). Un bilan des palabres, quoi.
En 2018, à Charlevoix, le G7 consacra l’explosion du concept de « bloc occidental », lorsque Trump décida de faire cavalier seul, en retirant son accord au communiqué final commun et en qualifiant notre premier ministre de « malhonnête et faible ». De toute façon, entre ces pays, il y avait trop de divergences (et encore davantage aujourd’hui) sur la question russe, les réponses à apporter à la crise climatique ou aux grandes vagues d’immigration. Ah! oui, parfois on se met d’accord, par exemple sur le fait que « des investissements responsables dans notre avenir, c’est la voie à prendre » (Trudeau, 2017). Deux jours, des mois de préparation et 600 millions de dollars, sans compter l’empreinte écologique des avions, hélicoptères, blindés, etc. pour en arriver là! Le thème en était justement « les changements climatiques, les océans et l’énergie propre ». Impressionnant.
La situation ne s’est pas arrangée, on peut même dire qu’elle a empiré à l’aube du lancement de la campagne pour les élections fédérales. En effet, ces pays se présentent comme des pompiers, alors qu’ils agissent en pyromanes. Pensez au gouffre monumental qui existe entre la parole et les actes ici, au Canada : quelle est la plus grosse dépense faite par le gouvernement canadien ces 50 dernières années en termes d’investissement dans un projet privé? L’achat et l’élargissement du pipeline Transmountain au coût de 7 milliards de dollars.