ÉDITORIAL
« Business as usual » ?
Impossible. Après la semaine qui vient de passer, comment ne pas parler d’environnement ? Comment ne pas y penser ? Même Legault s’est fendu d’une lettre à la jeunesse, oubliant au passage de mentionner la réduction des GES (peut-être était-ce trop évident ?), mais réitérant dans les médias qu’il avait entendu le message. La semaine dernière, il avait pourtant déclaré : « C’est une journée comme les autres, [on] s’assure que les enseignants travaillent. » Et son ministre de surenchérir : ce 27 septembre doit être une journée de « préparation, de correction et de formation » pour ceux qui étaient en pédago, à Montréal. Comme quoi, il se pourrait qu’amener 500 000 personnes dans la rue ait un impact…
Le fait est que nous sortons d’une semaine d’actions pour le climat à l’échelle mondiale, encadrée par deux journées de manifestations monstres partout sur le globe et dont l’un des points d’orgue fut le sommet pour l’environnement organisé par le Secrétaire général de L’ONU, Antonio Gutierrez, avant l’Assemblée générale annuelle.
On se rappellera le coup de gueule de Greta Thunberg à l’ONU, l’absence de plus de 100 pays au sommet sur les changements climatiques et toujours avec Greta (et oui on l’appelle par son prénom maintenant), son discours à Montréal, conclu en français par : « le changement arrive, que vous l’aimiez ou non ». On se rappellera que le Parti vert a été le premier à dévoiler son plan financier ; que Trudeau, au bord de la panique, de peur de perdre la main, a annoncé sa volonté d’inscrire la « carbo-neutralité » du Canada (nos émissions de GES seraient intégralement compensées d’ici à 2050) dans la loi canadienne et de planter deux milliards d’arbres sur une période de dix ans ! Des paroles assez radicales… À part qu’en quatre ans de mandat majoritaire, il n’a même pas pu freiner l’augmentation des gaz à effet de serre produits par le Canada, au contraire, il y a contribué comme aucun autre premier ministre avec l’achat de Transmountain.
N’importe quoi pour être réélu. D’ailleurs, il a admis lui-même ne pas avoir de plan et devoir consulter les experts avant d’aller plus avant. Heureusement, il est chanceux, d’autres ont déjà un plan viable : le Parti Vert ! En effet, les analystes ont remarqué que c’est le seul parti à respecter les quatre exigences du collectif contre les changements climatiques qui a organisé les manifestations et les grèves à travers le pays : mieux informer la population sur la gravité de la situation ; permettre aux citoyens de participer à la transition ; arrêter l’exploitation des hydrocarbures et leur subvention ; adopter une loi climatique contraignante. Alors s’il veut vraiment respecter la volonté populaire, il ne lui reste plus qu’à changer de parti…
Finalement, ce que nous ont dit les manifestants pour la planète – parmi lesquels une majorité de jeunes de moins de 25 ans, mais pas seulement – se compare à un diagnostic médical : imaginez que l’on vous annonce que vous êtes gravement malade, que vos jours sont comptés. Pour espérer guérir ou réduire les conséquences de cette maladie, préfèreriez-vous soigner et prendre des mesures progressivement, pas à pas, avec modération ou préfèreriez-vous faire face à la situation et vous battre, rapidement et radicalement ?