ÉDITORIAL
À côté de la plaque
Mardi dernier avait lieu le débat en français dans le cadre de la campagne électorale provinciale en Ontario. Rassurez-vous, nos voisins n’ont pas plus entendu les chefs des différentes formations dans la langue de Gaston Miron que nous entendrons les chefs des partis provinciaux au Québec à l’automne, dans la langue de Margaret Atwood. Ce que je trouve franchement regrettable. S’il y a une langue officielle ici, au Québec, de la compréhension parfaite de laquelle on doit s’assurer, jusqu’au collégial si nécessaire, il n’en reste pas moins que la minorité officielle anglophone mérite que les partis en lice débattent au moins une fois dans l’autre langue officielle du Canada. Puisque le Québec reste encore une province du Canada que je sache.
Bon, le fait est qu’aucun des candidats ontariens (dont le ou la future première ministre !) ne parle suffisamment français pour pouvoir échanger spontanément. C’est pitoyable. Toutefois, on pourrait imaginer que chacun-e d’entre eux dispose d’un très bon niveau de compréhension orale dans l’autre langue, mais parle dans sa langue maternelle ; et si tout le monde était pareil, alors une véritable communication, naturelle et nuancée, pourrait voir le jour. Mais, non !
Bref, le débat a abordé la santé, l’économie, les finances publiques et surtout l’éducation et la langue, sujets ô combien sensibles pour les minorités linguistiques. Mais alors — ce qui ne cesse de m’étonner — le Grand, le Vrai sujet de l’heure, la crise climatique, qui a pourtant des conséquences sur la santé, l’économie, les finances publiques et bien plus (en fait sur tous les aspects de notre vie) et pour longtemps, cette menace existentielle a été à peine évoquée, et encore, seulement par celle qu’on attendait sur le sujet : Cara des Granges, la représentante du Parti vert, envoyée par Mike Schreiner.
Combien de fois faut-il le répéter ? L’écologie, c’est pas juste planter des arbres et protéger de la pollution ! L’écologie est l’étude des relations entre les espèces et des interactions entre les êtres vivants et leur environnement, à travers l’énergie autant que les matériaux, les ressources nécessaires à cette relation symbiotique, dans le but de mieux vivre ensemble et de préserver toutes les composantes de la vie possible. Comment ne pas être écolo dans ces conditions ? Et pourtant…
Or l’Organisation internationale de la Météorologie a publié récemment un rapport qui compile les données depuis que l’on fait des observations scientifiques à ce sujet, rien de moins. Quatre marqueurs des changements climatiques ont battu des records en 2021 (malgré la pandémie, chose très préoccupante) : 1. Les concentrations de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone et méthane particulièrement) 2. Élévation du niveau des mers 3. Températures (atmosphériques, mais surtout aquatiques) 4. Acidification des océans.
La guerre en Ukraine, comme la CoVid-19, ne fait que masquer cet état d’urgence. Selon le Secrétaire général de l’ONU, cinq réponses immédiates sont requises : 1. Arrêter toute subvention aux énergies fossiles 2. Tripler les investissements dans les énergies renouvelables 3. Supprimer les formalités administratives des projets verts 4. Sécuriser l’approvisionnement en matières premières pour les technologies des énergies renouvelables 5. Faire de ces technologies « vertes » des biens publics mondiaux librement disponibles. Greg, André, Maryse, Robert, Steven, les Mathieu, vous faites quoi ? Les gestes individuels ne suffisent pas, il nous faut des politiques publiques honnêtes et audacieuses.