ÉDITORIAL
Ces immigrants qui empêchent la souveraineté
Pierre Karl Péladeau n’est pas encore premier ministre qu’il goûte déjà à la soupe amère de la rectitude politique. Il a dit tout haut ce que tout le monde sait déjà. Mais voilà, il y a des vérités qu’il ne faut pas dire, surtout lorsqu’on est politicien.
M. Péladeau apprendra bien assez vite l’art de la langue de bois. Ne maîtrise-t-il pas déjà l’art d’éviter de répondre aux questions qui lui déplaisent.
Quel péché a bien pu commettre
M. Péladeau pour que tous les bien-pensants de notre société se mettre à lui tirer dessus à boulets rouges. Il a eu le malheur de dire que la souveraineté ne se ferait pas avec les immigrants et que dans 25 ans, il serait donc trop tard.
Comment a-t-il pu oser dénigrer à ce point les immigrants? Quel manque d’empathie envers tous ces nouveaux arrivants qui cognent à la porte. Immédiatement, tous les opposants de M. Péladeau ont sauté sur l’occasion pour l’accuser de racisme et par la même occasion démontrer comment eux n’étaient certainement pas aussi vilain.
Mais dans les faits, qu’en est-il vraiment ? M. Péladeau est-il vraiment à côté de la coche avec sa déclaration malhabile? Au cours des années, j’ai été en amitié ou en relation professionnelle avec des dizaines d’immigrants. Ils venaient d’un peu partout, du sud, de l’est, de l’ouest, peu importe. Ils avaient toutefois presque tous un point en commun : aucun n’était en faveur de l’indépendance du Québec. Ils avaient immigré au Canada et même s’ils se retrouvaient au Québec, la « société distincte » ne présentait aucun intérêt à leurs yeux. Apprendre le français, peut-être, mais il fallait avant tout maîtriser l’anglais.
Irais-je leur reprocher? Certainement pas. Si j’étais un nouvel arrivant, j’aurais moi-même bien peu d’intérêt pour le phénomène folklorique que m’apparaîtrait être le Québec. On vient en Amérique pour faire partie de la grande famille anglophone, pas pour rejoindre une minorité vacillante flottant de peine et misère dans l’océan nord-américain. Et puis, comme nous tous, les immigrants pensent avant tout à leurs enfants. Ils veulent les meilleures chances de réussite pour leur progéniture dans le plus grand bassin d’opportunités possible. Oui, il y a des opportunités dans la belle province pour les néo-québécois, mais il y en a dix fois plus dans le reste du Canada et encore davantage chez notre voisin du sud.
L’occasion était trop belle au sein du Parti Québécois pour les Cloutier et Drainville d’une part, et dans les autres partis pour les Couillard, David et Legault de se faire bien paraître sur le dos de M. Péladeau. Il n’empêche, ce que ce dernier a exprimé n’est rien d’autre que la simple réalité. Il y a certainement des exceptions. Quelques néo-Québécois francophiles voteraient sans doute pour l’indépendance, mais ils demeurent une infime minorité.
M. Péladeau croit qu’avec le flux de l’immigration, il sera trop tard dans 25 ans pour faire l’indépendance du Québec.
Je diffère de point de vue, mais pour d’autres raisons. Il est déjà trop tard pour l’indépendance. Le Québec a manqué le bateau en 1995. Il faut se faire une raison, nous sommes Canadiens et minoritaires en la demeure. Si les Québécois voulaient être un peuple autonome, il fallait agir il y a 20 ans, lorsque la conjoncture était favorable. Maintenant, il faut avancer, avec les immigrants, vers un autre avenir.
Marcel Leclerc
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