ÉDITORIAL
Changer le monde
Je pensais attendre le discours du trône du gouvernement libéral. Puis, en écoutant le bulletin de nouvelles, j’ai été estomaqué que l’on se pose la question : faut-il aider l’industrie pétrolière ? Sérieusement, nous sommes rendus à ce point désespérés que l’on se pose la question ? Bon, c’est encore pire si vous répondez oui sans hésiter.
À l’occasion de la reprise des travaux parlementaires à Ottawa, les provinces demandent plus d’argent de la péréquation pour la santé. En fait, tout ce beau monde ne pense qu’à relancer l’économie, renouer avec la croissance, et surtout à éviter de retomber en confinement. La pandémie est passée par là. Déjà que les politiques environnementales des différents paliers de gouvernement n’étaient pas franchement proactives en matière d’environnement, alors maintenant, on peut rêver. Je ne voulais pas non plus faire le procès de Trudeau ou parler de notre avenir collectif seulement à travers le prisme d’une critique du discours du trône. Au fond, tout cela dépasse Legault et le Québec ou Trudeau et le Canada. Les enjeux sont tellement plus grands que nous…
Dans le Devoir de la semaine dernière, Josée Blanchette, remarquait la couleur étrange du ciel à Montréal, déclinaison soft des grands feux qui ravagent l’ouest du continent. Nous aussi, dans la région, nous l’avons observé. Certains disent que ce n’est qu’un petit avant-goût. Et non, ce ne sont pas des prophètes de malheur qui veulent l’extinction de l’humanité ou se faire de l’argent en jouant sur nos frayeurs ! Ce sont des scientifiques, des intellectuels éclairés ou de simples citoyens qui ont du bon sens et du courage.
Justement, comme les chats, qui, s’ils ont la tête couverte et cachée, se croient à l’abri et en sécurité, nous nous complaisons tellement dans la peur de la CoVid-19 (dont il faut se méfier évidemment) que nous avons oublié les dangers qui arrivent à moyen et long terme. Que nous faut-il pour comprendre et agir devant l’urgence absolue que constituent les changements climatiques ? Incendies monstres, multiplications des ouragans, des canicules, des crues et des inondations, propagation des virus, records de température, désertification, famines, fonte accélérée des glaciers, diminution drastique de la faune (68 % des vertébrés depuis les années 1970) …
Nous sommes déjà à 1,1 % de réchauffement ; aujourd’hui, si rien ne change radicalement — et la pause forcée que nous avons connue n’a été qu’une parenthèse sans effet durable — les estimations sont en vérité de 4 à 8 % de réchauffement ! Feindre de l’ignorer ne changera rien, au contraire. Vous voulez voir vos enfants et petits-enfants en bonne santé ? Protégez-les du Coronavirus et faites votre devoir d’électeur « pour vrai » la prochaine fois. Arrêtez de voter pour des partis qui ont intérêt à ce que rien n’évolue et dont la plateforme électorale n’est pas axée sur l’écologie, c’est-à-dire sur une manière de mieux vivre avec notre planète. C’est tout simple et là est la véritable urgence. Que nos représentants, comme Greg Fergus, Maryse Gaudreault et Maxime Pedneaud-Jobin se le disent !
Je terminerais par un petit rappel : vous vous souvenez des manifestations historiques pour le climat de l’an dernier ? Ce vendredi, cela fera un an. Où sont passés l’engagement et la conscience écologique que l’on a montrés à cette occasion ? Il est crucial que nous envoyions à nouveau le message à nos gouvernements.