ÉDITORIAL
É-co-lo-gie
Jeudi dernier, le débat des candidats aux postes de maire et de conseillers municipaux dans les quatre districts d’Aylmer s’est déroulé alors que le premier ministre Couillard effectuait un changement cosmétique de cabinet, en vue des élections provinciales de l’an prochain. Quatre nouveaux ministres, dont trois femmes et un « jeune », un nouveau venu de chez nous, André Fortin, déjà député libéral de Pontiac. Couillard pourra se vanter de laisser la part belle aux femmes auprès de ceux dont la mémoire ne va pas au-delà de douze mois… À part que les deux tiers de ses ministres étaient déjà en place sous Jean Charest; c’est vous dire combien l’équipe libérale change peu, et sur le fond et sur la forme.
Mais là n’est pas la question. Pour nous, Aylmerois, les véritables enjeux sont 1) que fera le nouveau maire ou la nouvelle mairesse avec ce « nouveau » gouvernement provincial, qui a déjà commencé à faire campagne, en distribuant les promesses de subventions? 2) Comment l’équipe à la mairie voudra-t-elle et pourra-t-elle mettre à profit la présence de M.Fortin au cabinet pour lancer le projet ambitieux du train léger ou du tramway côté gatinois, sachant qu’au niveau fédéral les appuis sont déjà là avec Greg Fergus?
En effet, le débat au cinéma des Galeries d’Aylmer l’a prouvé : la question du transport et du désengorgement des axes est-ouest/nord-sud est cruciale à vos yeux, chers concitoyens. Nous avons passé la moitié des 3 h 30 à discuter de cela. À mon grand désappointement, je dois le dire. En effet, le transport est lié non seulement au mode de transport, mais également à l’aménagement (devrais-je dire l’étalement) urbain sauvage auquel nous faisons face depuis la fusion, et plus généralement à la conception de nos territoires (naturel, urbain, agricole, etc.) qu’aura le candidat élu. De sa vision? Mon œil; j’ai seulement entendu le mot…
Quid des changements climatiques (permis de construire en zone inondable, émissions de gaz à effet de serre)? Quid de la promotion d’un mode de vie sain et actif, par des mesures qui favorisent les déplacements actifs quotidiens? Quid de la création d’un dépotoir pour déchets ultimes par Ottawa en amont de la rivière? Et encore : quid du projet de règlement qui prévoit notamment d’autoriser des forages à moins de 175 mètres des maisons, à moins de 275 mètres des garderies, des hôpitaux ou des espaces naturels?
Dans ce dernier cas, on parle d’extraire un gaz de schiste par des procédés vingt fois plus polluants que l’extraction pétrolifère, au risque de polluer les nappes phréatiques! Si rien n’est fait, ces règlements seront mis en application avant la fin de l’année! Rassurons-nous un peu : plus de 307 municipalités ont demandé à l’ancien ministre de l’Environnement David Heurtel d’introduire des règles plus strictes dans cette Loi 106 sur les hydrocarbures, qui n’évoque même pas la fracturation hydraulique. Bon il est vrai qu’ils ont essuyé une fin de non-recevoir, mais cela prouve au moins que la résistance est possible. Que dira Isabelle Mélançon, nouvelle ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la lutte contre les changements climatiques? Excusez-moi, je souris en écrivant ces mots. Elle a déclaré qu’elle « veillait au grain »… mais en faveur de qui?
Je le demande donc encore une fois, à nos représentants provinciaux comme à nos futurs représentants municipaux : accepteriez-vous que l’on vienne sonder votre jardin, puis dans la foulée, forer pour exploiter du gaz de schiste? Non, alors prenez clairement et immédiatement position ; battez-vous contre cette pseudo-transition énergétique et ce simulacre de développement durable faits au nom de l’économie!