ÉDITORIAL
Coach
Avec le mois de mai commencent les sports estivaux, comme le rugby, le base-ball ou le soccer. Mais dans notre société, tout au long de l’année, nos enfants ont également l’opportunité de faire quantité de sports. Ce qui développe leur autonomie, leur motivation, leur sentiment d’appartenance (dans le cadre scolaire en particulier), les ouvre aux autres et leur enseigne la détermination. Qui dirait le contraire?
Cependant, quel est le dénominateur commun à toutes ces activités, facteurs de développement et d’épanouissement? L’entraineur-e. Personne-référente plus âgée, elle est en général adulte, possède un savoir et souvent des savoir-faire dans le sport en question et dans son enseignement. Elle exerce ainsi, parfois inconsciemment, une influence importante (94 % des jeunes sportifs québécois avouent être influencés par leur entraineur). Une étude de l’université Concordia démontre que, par la relation privilégiée (ni parent ni ami, mais un peu condisciple), les entraineurs deviennent vite à la fois mentor, figure parentale, préparateur à une carrière et juge… à condition, évidemment, que le joueur accepte le contrat de confiance proposé par son coach.
En fait, viennent s’affronter ou se combiner les valeurs du milieu parental avec celles du sport pratiqué. Cette influence est proportionnelle à l’implication du jeune dans sa pratique sportive. Bon, le statut n’étant pas tout, il y a peut-être aussi une part d’admiration dans le processus, d’où le respect. Sans compter le pouvoir coercitif du coach : il peut laisser sur le banc un joueur peu investi, peu assidu ou insuffisamment compétent.
L’étude québécoise fait ressortir quatre valeurs majeures que véhicule l’entraineur sportif : la discipline; le respect (pour soi-même, les coéquipiers, le coach, les adversaires et les arbitres); l’amour du sport (le plaisir de jouer) et le jeu (s’améliorer pour marquer et gagner). Attention cependant, chaque culture peut envisager l’effort et la pratique sportifs sous un angle différent; le niveau de compétition est également une variable. Certains comportements de coach pourraient paraître très durs, voir humiliants envers les joueurs ici, alors qu’ils ne le sont pas ailleurs...
Toutefois, où commence l’atteinte à l’intégrité morale et physique? D’abord, il y a de grands textes internationaux, telle la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui promeuvent des concepts comme la dignité, l’égalité, les droits inaliénables ou encore, la justice, la liberté, la paix, etc. S’y ajoutent les lois nationales ou provinciales : les attouchements sexuels, le harcèlement ou l’intimidation sont ainsi encadrés. Enfin, il y a le jugement du joueur ou de la joueuse. Dans un cadre juridique donné, chaque individu n’a pas la même tolérance vis-à-vis des critiques ou des gestes posés par un entraineur.
Aujourd’hui, des scandales d’abus sexuels ou d’autorité dans le milieu sportif sont révélés presque chaque semaine… Le sujet est délicat. Rappelons-nous que l’entraineur est censé se former sur des questions comme les besoins et caractéristiques physiques et psychologiques des différentes tranches d’âge; sur les méthodes pour mieux enseigner son sport. Il doit aimer les enfants, faire preuve d’empathie et adhérer lui-même aux valeurs qu’il préconise, en prêchant par l’exemple. Tout un leadership. À petite échelle, à petit niveau, comme dans une équipe de soccer locale, on se dit que cela compte moins; et les clubs n’ont pas forcément le choix dans leur recrutement non plus. Pourtant l’impact d’un entraineur peut s’y avérer tout aussi crucial pour l’avenir d’un individu.