LETTER
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Commission Charbonneau 10 ans plus tard
Il y a 10 ans jour pour jour, la Commission Charbonneau débutait ses travaux, or, conste le Syndicat de la fonction publique du Québec SFPQ, les ministères de Transport (MTQ) n’a toujours pas recouvré le personnel nécessaire pour se mettre à l’abri de la menace de collusion des entreprises privées. Depuis 10 ans, le personnel représenté par le SFPQ dans les régions de Laurentides, Lanaudière Outaouais n’a pas augmenté au MTQ, il a même légèrement diminué. Pendant ce temps, sous le gouvernement Legault, la sous-traitance a explosée. Ainsi, les contrats de service octroyés par le MTQ ont augmenté de 70% depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ passant de 570 à 971 millions de dollars en 3 ans.
Non seulement le ministre des Transports, Francois Bonnardel, n'en fait toujours pas assez pour se conformer aux recommandations par la commission Charbonneau sur la collusion et la corruption dans l'industrie de la construction, mais il accélère la sous-traitance avec les entreprises privées. Cette inaction du ministre fait en sorte que le MTQ n’arrive toujours pas à renforcer son expertise dans la gestion contractuelle, dont la surveillance des chantiers, et à encadrer adéquatement les travaux confiés à des firmes externes. Nous croyons que le ministère devrait faire preuve d’une plus grande indépendance vis-à-vis ses fournisseurs puisqu’il est systématiquement plus cher d’avoir recours à la sous-traitance pour des activités qui reviennent chaque année sur nos routes.
À titre d’exemple, le MTQ s’était engagé en 2011 à ajouter 564 techniciens ou techniciennes des travaux publics (TTP), afin notamment de se réapproprier une part croissante de la surveillance des chantiers. Or, selon la Vérificatrice générale, il n’y avait seulement eu qu’un accroissement de 276 postes de TTP au 31 mars 2019, tandis que la surveillance des chantiers par les firmes était en forte hausse. En plus d’assurer une meilleure maîtrise du MTQ sur ses projets, ces embauches et la réduction de la sous-traitance devaient permettre au MTQ d’économiser 33,7 millions dollars.
En préférant confier à des tiers la réalisation de ses mandats plutôt que d’en assurer l’exécution, le MTQ se rend captif de ses fournisseurs. Les entreprises privées ont alors beau jeu d’exiger des sommes élevées pour faire ce que le gouvernement n’est plus en mesure de faire.
Le SFPQ recommande d’attaquer le problème à sa source même, en limitant le recours à la sous-traitance pour des activités récurrentes sur nos routes.
Michel Girard, Président régional du SFPQ
Saint Jérôme, Qc