ÉDITORIAL
COP 1 (Berlin, 1995), COP 2 (Genève, 1996), COP 11 (Montréal, 2006)… COP 26 (Glasgow, 2021)…
Je vous épargne la litanie des « Conférences des parties » qui sont nées du Sommet de Rio, qui réunissait 178 pays pour une déclaration sur l’environnement et le développement durable en 1992. Objectif, déjà à l’époque : réduire l’impact humain sur le climat, en particulier les émissions de GES, « un danger pour l’humanité ». Depuis le début, cette rencontre annuelle vise à faire le point sur l’avancement des plans d’action, fixer des objectifs par pays, mais aussi à proposer et partager des actions concrètes.
30 ans plus tard (une génération !), voilà où nous en sommes : « Les changements climatiques ne peuvent être niés et l’action climatique ne peut être retardée […] nous devons nous attaquer à cette crise mondiale avec urgence et ambition » (Justin Trudeau sur Twitter, le 30 octobre 2021). Vous n’avez pas envie de rire (jaune) ? La réalité est que la COP est devenue une tribune d’autopromotion, où les gouvernements des pollueurs (le G20 constitue à lui seul 80 % de la production mondiale, mais aussi 80 % des GES) viennent faire des promesses qu’ils ne tiennent pas. Et cela avec une assurance, une morgue, qui ferait honte à un borgne au milieu d’une assemblée d’aveugles. Sérieusement ?
Je ne peux prédire exactement ce qui va se dérouler à Glasgow (j’écris cet éditorial dimanche après-midi), mais pourquoi pas un nouvel accord, qui donnera suite aux Accords de Paris (2015), qui eux-mêmes confirmaient les Accords de Kyoto (2007), etc. La montagne accouchera d’une souris, avec de grandes phrases qui paraissent bien dans les médias et auprès de l’opinion publique. C’est à dire nous, des citoyens de plus en plus lucides sur cet exercice de communication et de moins en moins enclins à croire que nos décideurs ne veulent rien d’autre que sauver leur peau jusqu’aux prochaines élections.
Nul ne niera qu’il y a eu quelques avancées… la fixation d’objectifs (non contraignants et non signés ou jamais respectés par les plus gros pollueurs), la -lente - multiplication des « bourses du carbone » (qui permettent de polluer en toute impunité, dès lors que l’on dispose de l’argent pour compenser), peut-être un abandon de l’industrie du charbon (alors que l’on prévoit une expansion de celle des hydrocarbures). C’est pas fort.
Et le Canada est malheureusement à l’image des autres pays industrialisés. Pas de quoi se pavaner, croyez-moi. Digne héritier de la longue lignée de premiers ministres qui n’a jamais pu sacrifier sa popularité et une victoire aux élections sur l’autel du Bien public, Justin Trudeau peut bien nommer un « activiste » comme Steven Guilbeault ministre de l’Environnement : il n’a pas la trempe du réformateur historique que la situation réclame, celui qui prendra des décisions radicales, parce que la situation est radicale. Il est comme vous et moi. Quand on comprend que nos voisins meurent, et que nous-mêmes sommes en danger de mort, là, on va se faire vacciner. C’est ce que ça a pris lors de la « crise de la Covid-19 ». Mais la « crise climatique » ne nous affecte pas encore assez ; elle est encore trop diffuse au Canada… Nous roulons encore avec nonchalance et à bonne vitesse vers un mur qui se renforce chaque jour un peu plus. La question est maintenant : à quelle vitesse allons-nous y rentrer dedans ?