LETTRE
Des décisions sur les déchets nucléaires,
sans réelle consultation
Plus de 100 groupes environnementaux et citoyens ont écrit une lettre au ministre des Ressources naturelles et à tous les membres du Parlement. Le Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ) soutient ces propositions.
Nous constatons que suite à la mission du Service intégré d’examen de la réglementation de l’Agence internationale de l’énergie atomique en 2019, le Canada n’a pas complété le développement d’une politique renforcie en matière de déchets radioactifs et a omis d’y annexer une stratégie détaillée de gestion des déchets radioactifs.
Des projets et documents réglementaires sont examinés par la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN). S’ils sont approuvés, ils ouvriraient notamment la porte à l’entreposage de déchets radioactifs dangereux près de la surface, ainsi qu’à leur déclassement in situ. La CCSN décidera si elle approuve ou non ces documents réglementaires lors d’une audience à laquelle le public pourra assister, mais ne pourra être entendu.
Ce qui est envisagé inclut l’entreposage souterrain massif de déchets radioactifs autres que le combustible usé, principalement à Chalk River, tout près de la rivière des Outaouais et en amont des prises d’eau potable de grands centres urbains comme Gatineau, Ottawa, Laval, Montréal, Québec et plusieurs autres municipalités. Nous sommes préoccupés, également, par l’enfouissement in situ de déchets radioactifs à Rolphton. Ces dispositions menacent fortement la qualité de l’eau potable pour des millions de Québécois.
Le gouvernement est donc sur le point de prendre des décisions critiques pour l’avenir des citoyens sans débat au Parlement sur la question ; sans processus indépendant de consultation des citoyens, notamment au Québec ; et sans l’établissement d’un cadre décisionnel socialement acceptable. Comme le démontre l’expérience vécue avec Énergie Est, les Québécois ne toléreront pas que des choix énergétiques importants soient pris sans consultation véritable et, ultimement, sans leur consentement.
Le ROEÉ vous demande de ralentir le processus et de permettre aux citoyens du Québec d’être entendus. Aucun projet spécifique ne devrait être autorisé en l’absence d’un cadre stratégique approprié et équitable pour consulter adéquatement la population.
Laurence Leduc-Primeau,
le ROEÉ
Montréal