ÉDITORIAL
Dis-moi, gros grand grain d’orge…
La semaine dernière, je m’apprêtais à écrire sur le transport, mal et nécessité de nos sociétés, en parti-culier ici, dans la région, mais en écoutant l’émission de Radio-Canada - Les années-lumière, il devint vite évident que je parlerais d’autre chose. Par où commencer? Par un détour peut-être…
Le rugby a réussi à reprendre (de haute lutte) à l’école secondaire Grande-Rivière; nos jeunes, filles et gars remettent leurs chaussures à crampons, leur protège-dents. Parmi ces élèves, plusieurs commencent ce sport – c’est la beauté d’un sport en développement, on peut le commencer tard sans rougir de honte – et certains commencent le sport tout court. Parce que le rugby accepte aisément tous les gabarits. Petit ou grand, maigre ou gros, chaque individu apport les qualités liées à son physique. Et c’est une chance dans un monde où les jeunes sont de moins en moins ac-tifs physiquement et de plus en plus à risque de développer certaines maladies; un monde où le nombre d’obèses a augmenté de 11 % chez les hommes, 15 % chez les femmes en moins de deux générations. Au palmarès, uniquement des pays anglophones, d’ailleurs : États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Irlande, Australie et Nouvelle-Zélande. Mais ce n’est pas tout.
Les résultats récents d’une étude commandée par l’Organisation mondiale de la Santé sont éloquents. Elle est basée sur 1 700 études étalées sur 40 ans, sur 19 millions d’individus dans 186 pays. Sa conclusion? Il faut désormais parler d’épidémie, aux conséquences incalculables, notamment dans le domaine des coûts de santé. Ainsi, sur la même période de quatre décennies, le nombre de personnes atteintes du diabète de type 2 a été multiplié par quatre. Une personne sur cinq sera obèse en 2025, si rien n’est fait! L’obésité multiplie les chances d’avoir un accident cardiovasculaire ou un cancer, entre autres choses. Bref, on parle là du traitement de maladies chroniques. Dans les pays pauvres, où la couverture sociale n’existe que peu ou pas, cela précipite les familles dans la misère; dans les pays riches, le système est mis à mal et détourne des sommes grandissantes d’impôts redistribués.
Par ailleurs, la journaliste de Radio-Canada m’a appris que d’une part l’obésité n’est pas qu’une ma-ladie de société riche : elle touche de plus en plus les pays en développement ou les pays les moins avancés. Un enfant qui a été porté par une mère souffrant de mal ou de sous-nutrition en garderont les séquelles; son organisme tentera de stocker les graisses et les sucres malgré lui, afin de subvenir à d’éventuels besoins, et cela pour le reste de sa vie… D’autre part, l’obésité a souvent pour corolaire la malnutrition, y compris ici. Une part grandissante de notre alimentation repose sur des aliments préparés, de deuxième transformation (qui contiennent eux-mêmes d’autres produits transformés). C’est le contraire d’une salade composée de laitue, tomate et d’œuf. Caractéristique de ce type d’aliment? En général, il est pauvre en nutriments et riche en gras et/ou sucre, donc ne comble pas forcément les besoins nécessaires au développement ou au maintien d’une bonne santé.
Alors évidemment, ce n’est pas la première fois que vous entendez parler d’alimentation et de santé, mais nous savons tous qu’entre la théorie et la pratique, il y a souvent un gouffre causé par une certaine paresse, un confort et même de l’hypocrisie. Et si l’on doit faire notre part, en tout premier lieu pour nos propres enfants, en buvant de l’eau au lieu de jus par exemple, on pourrait envisager qu’une véritable éducation à l’alimentation soit aussi prodiguée dans les écoles… si on voulait bien leur en donner les moyens.