ÉDITORIAL
Dune
Moi, j’étais plutôt fan d’Isaac Asimov et de son cycle « Fondation », fasciné par le concept de psychohistoire. Mais mon meilleur ami alors, et encore aujourd’hui, me convainquit de lire Franck Herbert. Quel vertige ! Pour n’importe quelle personne aimant lire, pouvoir entre dans un univers littéraire est déjà ce qui est le plus passionnant, mais pour les lecteurs de Science-fiction (SF), quand on parle de « livre-univers » et de « space-opera », cela peut s’avérer encore plus immersif.
Le tome 1 de cette trilogie, publié en 1965, se joue principalement sur une planète appelée Arrakis, une planète de sable inhospitalière, dont la seule richesse est une substance appelée « épice », dont l’origine est inconnue. Cette drogue rare et convoitée permet de développer les capacités mentales et physiques d’une humanité qui a appris à exploiter les habiletés du cerveau incroyablement (prescience, télépathie, télékinésie, etc.), après avoir repris le pouvoir à des Intelligences artificielles qui avaient asservi les humains. Nous sommes en 10 191 et plusieurs planètes ont été colonisées à travers un univers où règne un empereur confronté à des « contre-pouvoirs » tels qu’une guilde de navigateurs spatiaux, un ordre de femmes dédiées au développement des facultés mentales (Bene Guesserit), un ordre de généticiens (Bene Tleiax), de grandes maisons nobles, etc. Sur Arrakis, une population autochtone vit dans le désert (les Fremen), elle est pourchassée par la famille régnante (la Maison Harkonnen) ; les Fremen attendent un Messie qui les libèrera du joug des Harkonnen et refera de la planète un paradis. L’intrigue du livre est évidemment plus complexe et précise, je ne veux pas la divulgâcher.
Au-delà de toutes ses références et paraboles politiques, religieuses ou sociales, il n’en reste pas moins que Dune met en scène une humanité qui exploite outrageusement la terre, une terre (Arrakis), et ses ressources (l’Épice), et se les dispute au point d’en faire un casus belli. Cependant, nous, aujourd’hui, n’aurons pas de messie. Les derniers siècles de « modernité », dominés par des sciences et des technologies sans précédent, nous amènent en ce début de XXIe siècle, après 150 ans d’exploitation des énergies fossiles et alors que nous sommes passés de 1 milliard à presque 8 milliards d’êtres humains ! Depuis plusieurs décennies, la Terre n’a plus le temps de se régénérer et nous avons désormais 4 ans (GIEC) pour infléchir la tendance, sous peine de dépasser les 1,5 degré de réchauffement. Je ne continuerais pas mon laïus écologique, il serait lourd et dramatique, je crois que vous avez compris.
Ce qui est certain, c’est qu’au fond nous nous devons de respecter la Vie elle-même, parce que nous sommes le fruit d’une évolution extraordinaire de la vie, débutée il y a quatre milliards d’années. Un devoir sacré, oui, qui dépasse les clivages politiques et les rivalités. Dans Dune, les guerres pour la possession des ressources sont brutales. Nous en sommes là et ce sera pire, si on ne change pas radicalement de direction. Que voulons-nous vraiment en tant que société ?
Mon conseil ? Lisez ou relisez le roman de Franck Herbert. Dune, l’adaptation cinématographique du tome 1 sort bientôt, en septembre ; il a été réalisé par Philippe Falardeau, un véritable amateur de SF en plus d’être un des meilleurs réalisateurs du moment, qui est originaire de Gatineau. Ce sera la cerise sur le gâteau. Une manière d’aller un peu plus loin…