ÉDITORIAL
Extinction rébellion
Encore une fois, la « collision » des événements m’inspire. Ou bien mon esprit cherche simplement à établir des liens qui donneront plus de sens au chaos qui l’entoure… Les catastrophes naturelles (attribuées aux changements climatiques) font de plus en plus de dégâts, reconnaissent les analystes en assurance; le 29 juillet, nous avons consommé pour l’équivalent d’une planète – plus tôt que l’année passée donc; une nouvelle étape est franchie par les militants écologistes, qui se tournent de plus en plus vers la désobéissance civile; plus près de nous, le Parti vert présente une nouvelle candidate dans Hull-Aylmer; au nord de la rivière des Outaouais, l’industrie fait du lobbying pour que le gouvernement québécois se mêle pour qu’une solution soit trouvée au problème d’enfouissement de déchets nucléaires de Chalk river.
En tout cas, une chose est claire : la cause, les problématiques, les enjeux environnementaux prennent une part grandissante dans notre vie. Dans les faits, ils sont déjà consubstantiels à notre existence, non? Dès lors, pourquoi ne pas le reconnaître publiquement? Pourquoi aucun des partis habituellement au pouvoir n’est-il capable de mettre au cœur de sa plateforme électorale l’écologie et l’urgence climatique?
Si nous voulions réellement réduire notre empreinte écologique, nous limiterions nos déplacements et nous changerions radicalement la nature de nos modes de transport. Nous ferions en sorte que nos enfants ne fassent pas 30 ou 45 minutes (ou pire) de voiture ou d’autobus pour se rendre à leur école secondaire. Ce qui supposerait la volonté de construire une nouvelle école secondaire à Aylmer, au lieu d’envoyer des enfants dans d’autres écoles de la CSPO ou surcharger Grande-Rivière (douze nouveaux portatifs dès la rentrée). Nous ferions en sorte de ne pas être obligés de nous déplacer à Shawville, Hull, Gatineau ou Ottawa pour aller à l’hôpital. Aylmer est le seul secteur de la ville à ne pas avoir d’hôpital, alors qu’il a la croissance démographique la plus importante ! Rapprocher les services des citoyens a beaucoup d’avantages (moins de pollution, moins de circulation, moins de pression, moins de coûts, moins d’accidents, moins de temps perdu en déplacement, etc.). Mais il faut investir dans des infrastructures, ce qui est coûteux à court terme. Mais cela crée des emplois locaux, revitalise les communautés, enrichit littéralement toute la société. Nous referions toutes les rues pour faciliter les déplacements en vélo; nous offririons des transports en commun gratuits plus petits, mais plus fréquents, à énergie solaire ou électrique, comme un train léger. À Gatineau, Québec, on n’en parle plus. Où est le problème? Est-ce que les lobbys industriels qui n’y trouvent aucun intérêt et font pression sur nos représentants politiques? Est-ce le conservatisme naturel de la population, qui préfère garder ce qu’elle connaît plutôt que de risquer un changement inconfortable? Est-ce tout simplement la connerie profonde de l’être humain, qui attend d’être au pied du mur pour changer, instinct de survie oblige?
Mettre l’environnement au centre de nos préoccupations ne se résume pas à replanter des arbres et protéger les abeilles, c’est également établir en plus des liens entre les espaces dans lesquels nous vivons, le temps que nous y passons, nos occupations (professionnelles et personnelles) et les relations que nous entretenons entre nous. Santé, éducation, économie, tout est lié, tout est écologique. Et s’il fallait enfreindre (pacifiquement) les lois pour forcer le changement…