Fin de la grève du CN : « On est deux, trois semaines en retard », dit un agriculteur
La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et le syndicat des Teamsters se sont entendus et mettent fin à la grève qui a affecté, entre autres, les agriculteurs. Un producteur de Luskville en manque de propane se sentait impuissant lors de ce conflit.
Le syndicat représente environ 3200 machinistes qui étaient en arrêt de travail depuis le 19 novembre. Cela signifie qu’il y a eu une pénurie de propane qui a nui aux activités des producteurs de grains. Ils ne pouvaient pas récolter les grains, car ils n’étaient pas en mesure de les sécher afin de les conserver. « On est deux, trois semaines en retard », souligne le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Outaouais-Laurentides, Stéphane Alary.
Ce dernier a vécu de près cette semaine difficile. « On était un petit peu pris en otage vis-à-vis le manque de propane. [...] On est en saison de récolte et le grain, ça prend du propane et la majorité [d’agriculteurs] utilisent du gaz propane. »
M. Alary travaille à la ferme Stépido, à Luskville. Le terrain comprend une ferme laitière, une ferme de grande culture ainsi que de la volaille. « C’était une période bien stressante. Quand tu as trois belles journées qui passent et que tu ne peux rien faire, rien récolter, le stresse monte rapidement. Quand tu sèmes au printemps, tu mets 300 000 $ à 400 000 $ dans le champ. Tu dois donc récupérer ton investissement. »
La Financière agricole du Québec souligne toutefois que « les grains récoltés qui n’ont pu être séchés en raison de la pénurie de propane, pourront être indemnisés au Programme d’assurance récolte. »
Propane : une nécessité
Il explique que ce gaz est primordial pour la survie d’une ferme qui en est alimentée. Tout d’abord, le propane est un gaz qu’il qualifie de « violent » qui peut chauffer beaucoup avec une faible quantité de liquide. Il est utilisé autant pour sécher les grains de maïs que pour chauffer les abris des animaux.
Pour le poulailler qui héberge les poussins, la température doit être de 92°C.
Sinon, « ils s’entassent dans les coins, ils s’étouffent et meurent », affirme le président de l’UPA. Les poules aussi ont besoin de chaleur, étant donné qu’elles n’ont pas beaucoup de fourrure. Les serres sont également alimentées au propane.
Pour ce qui est de l’entreposage des grains, il faut une température de 15°C d’humidité pour conserver le maïs sec. « À cause du printemps tardif, on le récolte en ce moment. On a des récoltes qui sont entre 25 et 40°C d’humidité. On doit les sécher avec l’air chaud pour les amener à 15°C pour pouvoir les conserver dans les silos », précise-t-il.
Il souligne que nous sommes au moment de l’année où le propane joue un rôle crucial pour eux, car il fait plus froid.
Pression sur le gouvernement
Le producteur a manifesté avec ses collègues le 25 novembre dernier à Montréal, afin de conscientiser le gouvernement à la situation. « On est pas là pour blâmer les travailleurs. Par contre, on pressurisait les dirigeants et le ministre des Transports pour qu’ils arrivent à débloquer la problématique. »
Un convoi de tracteurs ont traversé le pont Jacques-Cartier vers 10 h. Les agriculteurs ont jeté des sacs de grains devant le bureau du premier ministre Justin Trudeau, à Montréal, pour symboliser leur mécontentement.
Stéphane Alary tient à mentionner que lui et les autres agriculteurs, ne sont pas contre le fait que les employés du CN réclament de meilleures conditions de travail. Cependant, « ils [les grévistes] n’ont pas choisi le bon moment pour le faire » et « ça complique nos conditions de travail », dit-il.
Il souligne l’importance du blé dans la vie de tous les jours. « Quand tu manges le matin, c’est bien rare qu’il n’y ait pas un grain dans ta ration. C’est dans le pain, les céréales, les œufs, car les poules mangent du grain. Quand tu touches un secteur primaire comme l’agriculture, ça touche à bien des choses. »
Les opérations de la compagnie de transport ont repris le 27 novembre au matin. À pareille date, M. Alary estimait que sa ferme pourrait recommencer à fonctionner d’ici la fin de la semaine, mais que ça prendrait un certain temps avant que les opérations reviennent à la normale.