LETTRE
Funérailles nationales, la suite
Il y a eu droit et en grande pompe. Funérailles NATIONALES (rien de moins) pour lesquelles vous et moi devrons éponger une facture thanatologique de 50 000 $ sur les 750 000 $ que l’événement, hautement médiatisé, a coûté. L’événement date de quelques semaines déjà. À ce moment-là, personne chez les biens pensants québécois n’ont osé dénoncer la quasi déification du personnage autant que la démesure médiatique de l’événement.
L’avenir nous réserve-t-il une autre étape de cette saga familiale ? Déjà nombre de livres à sa mémoire ont envahi les tablettes des librairies. Ah tiens, je vois déjà une rue, (que dis-je mesquin que je suis), un boulevard, une place dédiée à son nom ! Mieux encore : un parc ! Un immense parc, avec au milieu une colonne en marbre rose et posé dessus son buste en bronze, ses fameux verres fumés coiffant le nez de son patricien visage. Attendez ! Un timbre-poste à son effigie. Ça c’est une riche idée ! Et pourquoi pas, sur les prochains billets de 5 dollars, son portrait au lieu de l’ancêtre historique qui y figure.
Vous avez la chance d’être riche et célèbre : à vous les funérailles nationales. Rien de moins. Les P. K. Suban, Philippe Couillard et Michaëlle Jean de ce monde y auront droit allègrement. Vous et moi, c’est la modeste urne qui recueillera notre poussière insignifiante, point. Mais, riches et célèbres, alors là c’est différent : vous êtes un moteur de l’économie, un artisan du PIB, un génie des affaires, une vedette, un héros, un presque dieu.
Pauvre peuple québécois en mal de vrais héros, qui aux vraies vertus des gens bien, préfère le glamour, le succès et l’argent. Il ne se contentera pas d’avoir acquiescé à ces fastueuses funérailles nationales. Il voudra immortaliser l’homme bientôt.
Francois Brisebois
Aylmer, Gatineau