ÉDITORIAL
Gatineau, les chats et le père Noël
Pour cet avant-dernier éditorial de l’année 2016, je céderais bien à la tentation de faire un bilan de l’année. Mais mieux vaut le garder pour le dernier éditorial, non? Noël approche, évitons les sujets qui fâchent. Cherchons plutôt un sujet léger…Pourquoi pas les chats? Des animaux mythiques, mystiques, mystérieux…et si proches de nous, comme animaux de compagnie. On leur a même imaginé des vies parallèles, depuis Félix, Grosminet ou Tom au film d’animation japonais Le Royaume des chats de Morita, en passant par les films où ils ont le rôle principal (Le Chat botté, Les Aristochats), un rôle secondaire remarquable (Alice au pays des merveilles, Cendrillon, Pinocchio, Les Schtroumpfs), ou encore à travers les icônes comme Kitty, Scratchy, Garfield, plus récemment Le Chat de Geluck. Bref, ils font partie de notre paysage culturel. Parallèlement, on leur reconnaît une indépendance et une étrangeté certaines… Peu d’animaux ont droit à un tel traitement : on leur prête sept ou neuf vies, ils ont été associés aux sorcières, à l’univers des morts et l’humain les a parfois déifiés (Bastet chez les Égyptiens incarne la joie, la fécondité et la beauté)!
En fait, pendant longtemps, au Moyen âge et à la Renaissance, les chats vont passer un mauvais moment, associés qu’ils sont au surnaturel démoniaque : ils sont détestés. À partir du XVIIe siècle, ils rentrent à nouveau dans les chaumières comme animaux de compagnie, parce qu’ils sont réintroduits en même temps que les autres produits exotiques venus d’Orient. À cette époque, le chat persan, première race à poil long, est à la mode dans les familles royales européennes. Léonard de Vinci, qui en dessinera, écrira : « Le plus petit des félins est un chef-d’œuvre ». La Fontaine ou Perrault les emploient comme personnages. Le chat est incontournable en littérature, surtout au XIXe siècle, où il constitue pour les artistes un compagnon idéal (dort beaucoup, veille la nuit, s’agite, mais « parle » peu). Le chat noir est réhabilité, il donnera son nom à un célèbre cabaret parisien.
Quelques faits maintenant. Les chats sont 40 millions d’années plus vieux que l’être humain. L’âge du chat domestique commence lorsqu’il croise nos pas cependant, vers 7500 av. J.-C. Il garde toutefois souvenir de l’époque où il lui fallait être prêt à se défendre à tout moment : pourquoi croyez-vous qu’il dorme 16 à 18 heures par jour? Ou qu’il recouvre ses excréments, ou hérisse son poil? Instinct de survie qui commande de pouvoir se réveiller en forme en une fraction de seconde, de dissimuler ses traces l’ennemi ou de paraître plus gros pour impressionner son adversaire. Instinct que nous avons perdu, peut-être pour notre plus grand bien, pour pouvoir vivre en société, mais qui enlève parfois le sens du danger. Et de fait, il fut longtemps, et encore aujourd’hui, utilisé pour préserver la nourriture des souris et des rats.
Mais à bien réfléchir à son histoire, le chat est un résilient, qui a réussi à triompher de la haine issue des superstitions pour retrouver au XXe siècle un public d’adorateurs, même si plusieurs y sont allergiques (mais à quoi n’est-on pas allergique de nos jours?). Les types de chats se sont multipliés, surtout pour répondre à des besoins, à un besoin affectif qu’il comble (les gens préfèrent parfois avoir un chat plutôt qu’un enfant) sans pour autant subir les mêmes excès que chiens, vaches, cochons ou poules. Un chat reste un chat, mais ne laisse jamais indifférent. Passez de belles fêtes de fin d’année!