LETTRE
Gatineau peut protéger ses milieux humides
En cette Journée mondiale de l’environnement, qui marque aussi symboliquement la fin de la consultation publique sur la révision du plan d’urbanisme de la Ville de Gatineau, nous sommes face à une opportunité importante de poser des gestes concrets pour la protection de nos milieux naturels.
Un très bon point de départ serait d’accroître la conservation des milieux humides restants à Gatineau. Selon un rapport publié par Canards Illimités Canada et le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques en 2017, le territoire de Gatineau comprend 5 293 hectares de milieux humides, soit 9,8% de sa superficie. L’utilité des milieux humides n’est plus à démontrer : ils abritent une riche biodiversité, ils assurent la qualité de l’eau en la filtrant et ils agissent comme des éponges pour retenir les surplus d’eau, diminuant ainsi les risques d’inondation et d’érosion des rives.
Alors que le plan d’urbanisme en cours d’élaboration mentionne que « la Ville dispose de peu d’outils lui permettant de mieux protéger les arbres existants lors de travaux sur des propriétés privées », nous ne pouvons que saluer la volonté clairement affichée du conseil municipal de revoir la réglementation pour assurer une protection accrue de nos milieux naturels.
La bonne nouvelle est que la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme autorise les municipalités à protéger leur milieux humides. La Ville de St-Lazare a modifié son règlement de zonage en 2019 afin « d’interdire le remblai, le déblai, le drainage et l’extraction de tous milieux humides sur l’ensemble du territoire de la Ville ». La Ville de Laval est en voie d’adopter un règlement de contrôle intérimaire qui interdira toutes interventions, constructions, ouvrages, travaux et activités à l’intérieur et à proximité des milieux humides d’intérêt sur son territoire. Cela représente 1062 hectares, soit environ deux tiers de tous les milieux humides de Laval, dont 58% à l’intérieur du périmètre urbain.
Gatineau ne doit pas être en reste dans l’adoption d’une réglementation ambitieuse pour la protection de ses milieux naturels. Dans le cadre des travaux de concordance qui se termineront en octobre, nous proposons :
- que l’interdiction de destruction des milieux humides dans les écoterritoires et les corridors verts, sauf pour les travaux d’utilités publiques, qui est prévue au schéma d’aménagement soit incluse dans le règlement de zonage;
- que l’on ajoute cette contrainte aux nouveaux développements, particulièrement ceux qui seront soumis à l’encadrement règlementaire des projets d’envergure, et que cela prévoit une zone tampon et des critères de connectivité pour assurer la santé des milieux humides;
- que la ville identifie rapidement les milieux humides d’intérêt sur son territoire afin d’adopter des mesures similaires à celles de Laval dans son Plan de gestion des milieux humides et hydriques, qui doit être complété d’ici 2022 en vertu de la Loi. D’ici l’adoption de ce Plan, la Ville aurait avantage à se doter d’un règlement de contrôle intérimaire limitant la destruction des milieux humides.
La mobilisation citoyenne en faveur de la protection des espaces verts dans les derniers mois démontre que le conseil municipal a un appui de la population pour aller en ce sens. Les outils réglementaires existent et ils doivent être utilisés, surtout dans un contexte de pression énorme pour le développement. Il en va de notre qualité de vie à tous et toutes.
Marianne Strauss, Fondation forêt Boucher; Jérôme Dupras, Isfort - Institut des Sciences de la Forêt tempérée, UQO; François Lorenzetti, Isfort - UQO; Benoit Gendreau-Berthiaume, Isfort - UQO; Monique Boivin, Club des ornithologues de l’Outaouais; Yvan Liben, Mycologues amateurs de l’Outaouais; John McDonnell, Société pour la nature et les parcs du Canada; Réal Lalande. Action Climat Outaouais; Jean-François Lacombe, Les Amis de la marina d’Aylmer; Naubert, Association des résidents du quartier Jubilée; Sandra Lemaire, Association des résidents du Vieux-Moulin; Christiane Thérien, Les Amis de Wychwood; Élise Legault, Association Village Victor-Beaudry; Howard Powles, Association des résidents de Deschênes; Darquis Gagné, Association des résidents du Parc Champlain; Alain Paradis, Association des résidents de la terrasse Lakeview; Larry Prickett, Association communautaire La Croisée; Bettyna Bélizaire, Association des résidents du Plateau; Réjean Laflamme, Association des résidents Parc de la Montagne; Marie-Josée Coulombe, Association citoyenne de Val-Tétreau; François-Yannick Vézina, Association des résidents des Jardins Taché; Olive Kamanyana, Association du quartier du Carrefour-de-l’Hôpital; Pierre Dumoulin, Association des résidents de Limbour; et Diane Paré,
Association pour la protection de l’environnement de Limbour