EDITORIAL
Harper le Texan
Certains me reprocheront de parler encore de Harper.
Que voulez-vous, cet homme est une source constante d’inspiration (ou de désolation) pour tout analyste de la scène politique. Personnellement, il m’effraie, car il est en train, petit à petit, insidieusement, de transformer le Canada, Québec inclus, en un État sudiste. Lorsqu’on examine la société texane, on réalise rapidement combien leurs valeurs ressemblent à celles prônées par M. Harper. Voici quelques exemples.
Contrôle des armes à feu
Au Texas, il n’y a pratiquement aucun contrôle. Il ne faut pas de permis pour s’acheter des armes, même celles qui feraient rêver Rambo. Il n’y a aucune procédure d’enregistrement. Qui plus est, vous pouvez vous promener en toute liberté dans les espaces publics avec votre arme bien en évidence. Si quelqu’un a le malheur de mettre les pieds sur votre propriété sans autorisation, vous êtes autorisé à lui tirer dessus. C’est ce qu’ils appellent la légitime défense.
Criminalité et emprisonnement
Le Texas est le premier État pour le nombre de peines capitales et la rapidité du processus judiciaire pour imposer de lourdes peines. On ne niaise pas avec les criminels au Texas. Le Texas a la plus grande population de prisonniers de tous les États américains. Ses quelques 440 prisons, dont plusieurs sont opérées par des entrepri-ses privées sont reconnues pour leurs conditions difficiles. Ironiquement, le Texas est aussi l’un des États qui a le moins de succès dans sa lutte contre la criminalité.
Exploitation pétrolière
Le Texas est le berceau de l’exploitation pétrolière en Amérique. Cela a conduit à un boom économique sans précédent au siècle passé qui a rendu l’État temporairement riche, du moins pour une minorité de la population. Opportunistes et entrepreneurs du moment rêvaient tous de devenir des magnats de l’or noir.
Aujourd’hui, les pétrolières désertent l’État pour investir ailleurs.
Protection de l’environnement La protection de l’environnement n’a jamais été une priorité au Texas. Il était difficile de concilier exploitation pétrolière et sauvegarde de l’environnement. La population a été conditionnée par les élites à croire que le développement économique pouvait difficilement s’accommoder de préoccupation environnementale. En fait, la plupart des Texans ne croient pas à l’urgence environnementale et plusieurs pensent même que le réchauffement climatique est une foutaise. Aujourd’hui, le Texas est l’État le plus pollueur des États-Unis.
J’ai longtemps perçu le Canada comme une social-démocratie humaniste, pacifique et fière de sa proximité avec la nature qui l’entoure. Force est de constater que tout cela, nous le sommes de moins en moins, et sur ce plan, les conservateurs ont fait des pas de géant pour nous en éloigner. Ce ne sont peut-être pas les valeurs que Harper défendait récemment sur les radios-poubelles de Québec, mais j’aurais aimé croire que ce serait les valeurs d’une majorité de Canadiens.
Par une curieuse erreur du destin, Harper est né au mauvais endroit. Il aurait dû naître au Texas. Il aurait été comme un poisson dans l’eau. Le Canada ne lui ressemble pas. Il aurait été simple pour lui de déménager au Texas et de se couler des jours heureux avec ses semblables. Toutefois, cela aurait été trop facile pour lui. Il n’y aurait pas eu là de défis à son esprit de conservateur. Harper est un batailleur, un héroïque soldat des grandes causes de droite. Ce que Harper a plutôt décidé de faire, c’est de transformer le Canada en pays texan. Il faut avouer qu’il se débrouille assez bien. Bientôt, il ne nous manquera plus que le KKK.
Marcel Leclerc
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Commentary