LETTRE
<< Histoire de l’éducation en Outaouais >>
L'Ouest québécois a toujours fonctionné avec la réalité d'un gouvernement éloigné de la ville de Québec qui, pendant de nombreuses années, n'a pas cru bon de fournir le financement adéquat pour l'enseignement secondaire et supérieur, peut-être parce qu'il croyait qu'il était possible d'y accéder facilement chez nos voisins en traversant la rivière des Outaouais. Roger Blanchette a réitéré ce point, mais uniquement en relation avec l'expérience francophone. Tout au long de son allocution, il a choisi d'omettre l'expérience des anglophones de l'Outaouais depuis l'établissement et le développement de la région par des pionniers anglophones, jusqu'à la présence anglophone ininterrompue en Outaouais aujourd'hui. En fait, les 200 ans d'histoire de l'éducation en Outaouais ont fait l'objet d'une lutte continue pour des ressources adéquates tant pour les communautés francophones que pour les anglophones.
M. Blanchette a fait plusieurs références aux «snobistes» qui ont envoyé leurs fils et leurs filles à Ottawa pour poursuivre des études. Il a déploré que, pendant des décennies, dans les villages de l'Outaouais, les enfants n'ont eu comme enseignants « que des femmes». En outre, il a dénigré les entreprises des Maclaren et Eddy - les deux principaux employeurs de la région dans l'industrie du bois, les qualifiant d'exploiteurs. (L'exploitation des travailleurs est un tout autre sujet, et jusqu'à ce que les travailleurs réussissent à obtenir le droit de négocier et que les gens élisent des gouvernements suffisamment éclairés pour légiférer sur des pratiques de travail équitables et un salaire minimum, les employeurs de la province de Québec, qu'ils soient francophones ou anglophones logeaient à la même enseigne.)
Nous nous attendons à ce que l'Association du patrimoine d'Aylmer adopte une approche objective, dans un contexte historique approprié, pour toute discussion liée au patrimoine. Au lieu de cela, on nous a servi, au mieux, une interprétation biaisée de l'histoire de l'éducation en Outaouais et, au pire, un discours émaillé de préjugés, y compris des éléments frisant la misogynie, teintés de sentiments anti-anglais et de rhétorique de guerre des classes.
Nous savons que les commentaires divertissants de Roger Blanchette à la radio sont appréciés par un large public; il est libre d'exprimer ses opinions et le public sait qu'il parle en son nom. Lors d'une activité parrainée par l'Association du patrimoine, à moins que la recherche n'ait été menée par l'association et que les sources y soient identifiées, il faudrait préciser que «les faits» énoncés par un conférencier invité représentent le point de vue personnel dudit conférencier et non pas celui de l'Association. Cela aurait du être précisé dans le matériel promotionnel et dans l'introduction et la conclusion de la conférence. Peut-être que M. Blanchette croit qu'il est amusant d'assaisonner ses présentations et d'être sélectif sur l'interprétation des faits simplement pour égayer son auditoire, mais il ne fait pas justice au sujet.
L'Association du patrimoine d'Aylmer s'est taillé une réputation depuis plus de 40 ans pour ses recherches historiques solides et factuelles. Elle l'a fait dans le cadre de son mandat, soit «préserver et promouvoir une meilleure compréhension de la valeur du patrimoine de l'Outaouais (ses bâtiments, son histoire, sa culture et ses espaces verts)». Dans l'exercice de son mandat, l'AHA/APA s'est concentrée sur l'héritage des anglophones et des francophones, en reconnaissant leur contribution et leur rôle coopératif dans le développement des communautés de l'Outaouais.
En tant que membre actif de l'Association depuis plus de 30 ans, j'espère que le Conseil examinera la meilleure façon de maintenir et d'assurer la crédibilité de l'Association. Cette réputation existe grâce au travail et à l'engagement communautaire des membres dévoués - plusieurs d'entre eux sont maintenant partis.
Merci de tout ce que vous faites pour préserver le patrimoine de la Ville de Gatineau, en particulier dans le secteur Aylmer.
Enid Page,
L’ancienne présidente et archiviste de l'AHA/APA