ÉDITORIAL
Hommage à deux Aylmerois :
Fanny Rivet et Yannick Rancourt,
Cinéma des Galeries Aylmer
Il y a quelques semaines, j’ai appris que le Cinéma des Galeries Aylmer avait fermé. J’ai été estomaqué. Ce haut lieu de la culture populaire de notre communauté fermait définitivement ! La nouvelle était passée sous le radar !
Au même titre que les autres commerces, les salles de spectacle sont cruciales pour la vie d’une communauté. Pire, sans culture commune, pas de communauté. Yannick et Fanny ont largement fait leur part à cet égard. Oui, je les prénomme, parce que j’ai fait leur connaissance il y a plus de dix ans, justement, à l’époque où ils ont repris le flambeau allumé par Denis Bédard et Stéphane Labrie en 1999.
À l’époque, j’avais repris la direction de la troupe de théâtre de l’école secondaire Grande-Rivière, les Cent visages, et j’y avais également introduit de rugby masculin et féminin. Je cherchais des locaux où tenir différentes activités connexes. L’enthousiasme du couple de propriétaires que j’ai découvert là m’a encouragé à aller de l’avant. Ça ne s’est jamais démenti.
Petit retour en arrière. Après avoir vécu au Rwanda, en Algérie et en Allemagne, Fanny retourne quand même dans la mère patrie pour faire une maitrise en gestion à l’université Paris-Dauphine, dans les années 2000. Fidèle à sa fibre internationale, elle achève ses études par un MBA à l’université Laval… où elle rencontre un étudiant en maitrise d’économie, Yannick. Coup de foudre (j’imagine, je n’ai pas les détails).
En 2008, le Québécois originaire de l’Abitibi décroche un emploi à Statistique Canada, à Ottawa. Le couple déménage à Gatineau. Dans leurs relations, un certain Denis Bédard, entrepreneur expert dans l’industrie du cinéma, qui a inauguré en décembre 1999 le cinéma à Aylmer. Il est très occupé et désire passer la main. Fanny y voit une opportunité de mettre en pratique son savoir et ses compétences. Yannick — qui gardera toujours son emploi au gouvernement— s’occupera de la partie technique. Et ils se lancent dans l’aventure, pendant un an comme gérants, puis à partir de 2009-2010, comme propriétaires.
Dès lors, non seulement le cinéma va se développer comme le lieu de culture cinématographique par excellence de notre coin de ville, mais le couple Fanny-Yannick va diversifier ses activités, à coup d’évènements ponctuels ou récurrents (Tapis rouge, diffusion d’opéras et ballets, festival du court-métrage, Aventuriers voyageurs, etc.). Ajoutez-y un projecteur 3D, et vous comprendrez la capacité du couple à expérimenter.
Parallèlement, comme la plupart des gens d’affaires d’Aylmer, ils vont aussi s’impliquer sérieusement dans la communauté (distribution de repas, Défilé du père Noël, soirée spectacle pour les réfugiés, spectacles d’écoles…). Encore une belle manière de concevoir la responsabilité sociale d’un commerce.
Finalement, et quatre enfants plus tard, victimes des nouvelles habitudes en matière d’accès aux films, des changements dans les circuits de distribution, du développement des plateformes en ligne telles que Netflix et probablement aussi de la pandémie actuelle, ils doivent se rendre à l’évidence : faire vivre un cinéma tel que celui-ci est non seulement usant, mais quasiment impossible. Le cinéma ferme donc. Cependant, ils peuvent être fiers du chemin parcouru et d’avoir permis à notre communauté de profiter d’une pareille commodité, fidèles à la vision de la ville d’Aylmer, qui l’avait conçu et commandé initialement comme lieu social. De tout notre cœur, merci.