ÉDITORIAL
Icare profitant du voyage
2016 a été difficile. 2017 commence dans les médias avec un attentat dans un club turc. Sombre présage pour l’année à venir? Ou plutôt date bien choisie pour nous impressionner à l’heure des résolutions de début d’année? Dans notre époque mondialisée et numérique, les médias sont si prompts à relayer en boucle les nouvelles! Bon, disons-le franchement : les résolutions ne valent que pour ceux ou celles qui espèrent vraiment les réaliser, parce qu’ils ou elles les ont formulées (c’est la méthode Coué). Pensez qu’un quart de l’humanité utilise de toute façon un autre calendrier que le calendrier grégorien. Alors, que valent tous les souhaits et toutes les belles résolutions de ce calendrier religieux (on y revient), instauré par un pape en 1582 ? À son crédit, on pourra quand même noter qu’il est celui qui se rapproche le plus de l’année astronomique. Mais le jour de l’an chinois ne sera que le 28 janvier; pour les juifs nous sommes le quatrième jour de Tevet 5777, la nouvelle année juive a eu lieu en décembre; et chez les musulmans, nous sommes en 1438; sans oublier les Perses ou les Indiens…
Bref, une année difficile? Une vie difficile? Faut-il garder espoir? Après tout, il y a de plus en plus d’enfants scolarisés à l’école primaire (90 %, +10 % en 15 ans); le nombre de femmes élues a triplé en deux générations; la richesse par habitant par an a presque doublé dans la même période; l’espérance de vie à la naissance est de 71 ans aujourd’hui, elle n’était que de 50 ans au milieu du XXe siècle; près de 90 pays vivent aujourd’hui en démocratie et nous sommes plus connectés que jamais (donc nous avons davantage accès à l’information), en même temps, il n’y a jamais eu si peu de morts au combat; depuis 1990, la pauvreté est en baisse constante au point de pouvoir disparaître à l’horizon de 2014 et sur le plan environnemental, la déforestation a commencé à reculer en Amazonie (objectif 0 dans 10 ans); en 2050, le trou dans la couche d’ozone aura disparu; 20 000 nouveaux panneaux solaires sont installés chaque heure; l’équivalent de l’Europe a été déclaré zone protégée l’an dernier, et la baleine à bosse n’est plus une espèce menacée.
Suis-je pour autant angélique, naïf, candide? Peut-être pensez-vous que c’est voir le verre à moitié plein et ignorer qu’il est à moitié vide. Je préfèrerais la formule « gai désespoir » ou « lucidité heureuse ». Et en ce tout début d’année, je vous inviterai à être philosophe, dans le bon sens du terme, c’est-à-dire le plus souvent possible humaniste : ouvert et audacieux, intègre et altruiste, informé et curieux, sensé et sociable, réfléchi et équilibré. Je vous le souhaite, je me le souhaite. Devenons ce que nous sommes au plus profond et du plus beau de nous-mêmes. De cette manière, nous éclairerons le monde qui nous entoure, les amis, la famille, les collègues qui nous côtoient, d’une lumière accueillante, chaleureuse mais stimulante, voire exigeante.
Pour tout vous dire, je ne me fais probablement pas plus d’illusions que vous. En effet, les améliorations que j’ai citées plus haut ne sont pas le fruit du hasard : des gens se sont mobilisés, de beaucoup de manières différentes; par un petit geste individuel de consommation, une action bénévole, le support financier à une cause, une signature en bas d’une pétition ou en utilisant leur capacité d’influence à des niveaux divers… Il ne tient qu’à nous de le faire. Ayez du plaisir, vivez en paix et en vérité en 2017!