ÉDITORIAL
Il faudrait savoir ce que nous voulons !
Ça a recommencé. Rien de grave, juste un (gros) irritant. Pendant le confinement, toute la famille est restée en forme grâce à des programmes de conditionnement physique en ligne, style TABATA (entrainement fractionné à haute intensité). J’ai suivi le programme d’un coach de la région. Alors que les séances avaient commencé en français (avec pas mal de mots anglais quand même, nous sommes en Outaouais et il s’agit de « crossfit »), rapidement, les séances ont été données exclusivement en anglais. La raison ? Une ou deux participantes étaient anglophones et ne parlaient pas français ! Bon…
Dernièrement, L’Office québécois de la langue française (OQLF) a rendu public un rapport basé sur une enquête de l’Institut de la statistique du Québec, menée auprès de 2460 entreprises de plus de 5 personnes et de 181 municipalités et arrondissements (Enquête sur les exigences linguistiques auprès des entreprises, des municipalités et des arrondissements de Montréal). Plus de 60 % des entreprises de l’île de Montréal exigent ou souhaitent la connaissance de l’anglais de leurs employés. Idem pour le quart des villes québécoises. À Montréal, 40 % des travailleurs communiquent en anglais avec leurs collègues et patrons. Dans la foulée, le Devoir du 20 août titrait « Étudier en français à Montréal est parfois bien difficile ». Les étudiants qui finissent leur bac à l’ÉTS (École de technologie supérieure), qui forme nos futurs ingénieurs, sont forcés de suivre des cours à moitié en anglais (la théorie en français, la pratique en anglais). Ça commence à faire…
Et j’avoue rester toujours un peu étonné que dans les commerces, on s’empresse si facilement de servir les clients « dans les deux langues officielles ». Attention ! Je compatis toujours à la difficulté de quiconque à s’exprimer dans une langue autre que sa langue maternelle. Après tout, au Canada, il y a effectivement deux langues officielles, et les citoyens ont le droit d’être servis dans leur langue. Cependant, tout Canadien n’a-t-il pas forcément étudié dans les deux langues ? Qui est vraiment incapable de comprendre et dire « Bonjour », « comment-ça va ? », « Est-ce que je peux vous aider ? » ou participer à une conversation professionnelle qui utilise toujours le même vocable technique ? Malheureusement, seul le gouvernement du Canada semble se le rappeler, et encore… Il est notoire que, dans les réunions au fédéral, dès qu’un anglophone affirme ne pas parler français, la rencontre s’effectue automatiquement en anglais ; et que le contraire n’existe pas. Avouons que nous nous occupons vraiment bien de nos minorités au Canada !
J’en veux autant aux individus qu’aux gouvernements successifs. Que voulons-nous vraiment ? Est-on fier de parler français, au point de vouloir le garder comme « langue officielle » au Québec ? Une loi a été passée en 1977, qui fait du français LA langue, et non l’une des langues officielles. Donc, ou bien nous la mettons véritablement en application, partout au Québec… Sinon, abrogeons-la ! Et franchement, au moins cela aura le mérite d’être clair.
Et si vous, chers lecteurs et lectrices, êtes vraiment convaincus de la nécessité de parler en français (au Québec, au Canadas), afin de préserver l’intégrité de votre identité (culturelle, sociale, économique), alors faites-le au lieu de « switcher » sans raison valable ; indignez-vous et n’acceptez pas que l’on vous serve uniquement en anglais sans le faire remarquer.