LETTRE
Inégalité face à l’inflation
Existe-il une inégalité face à l’inflation au Québec? Oui, révèle une nouvelle étude de l’IRIS, alors que le coût de la vie a augmenté davantage pour les familles les plus pauvres que pour les plus fortunées entre 1999 et 2019. L’Institut a analysé le panier de consommation type des ménages de deux personnes et plus en fonction de leur revenu.
Depuis 20 ans, le prix des biens achetés par les familles les plus pauvres a augmenté plus rapidement que ceux que consomment les familles plus fortunées. Le phénomène d’inégalité face à l’inflation existe bel et bien au Québec, confirme Minh Nguyen, coauteur de l’étude. En effet, la hausse du coût du panier de consommation type des 1er et 2e quintiles, soit le 40 % des familles les plus pauvres, a respectivement été de 20,5 % et 22 % plus élevée que celle des familles appartenant au 10 % les plus riches. Les habitudes de consommation varient grandement selon les niveaux de revenu.
Augmentation des prix due à l’épidémie de COVID-19 : L’étude démontre que ce sont les prix des produits de base tels les aliments, le transport et le logement qui augmentent le plus rapidement. L’explosion des coûts des aliments prévue dans les prochains mois à cause de la crise liée à la COVID-19 risque d’affecter grandement les familles les plus pauvres. Les impacts négatifs sont plus grands pour ces familles, puisque ces produits occupent une place plus importante dans leur budget de dépenses. À l’opposé, les ménages mieux nantis dépensent une plus grande part de leur revenu disponible pour des produits et services non essentiels, tels que les loisirs, pour lesquels l’inflation est moins élevée.
En résumé, les ménages les plus pauvres ont à la fois des revenus qui augmentent moins rapidement et un panier de consommation dont le prix croît plus vite.
Laurent Deslauriers,
Institut de recherche et
d’informations socioéconomiques
Montréal