John Egan, premier maire d’Aylmer
John Egan fut un baron du bois, le premier maire d’Aylmer et un membre du Parlement pré- Confédération qui contribua à établir les bases d’une démocratie libérale au Canada. Sa vie commença en tant que fils d’un agriculteur catholique de l’Irlande de l’ouest. Après avoir quitté son pays d’origine pour le Canada à l’âge de 20 ans avec peu de ressources et d’éducation, il devint un dirigeant de l’industrie forestière et un membre très apprécié du Parlement du Haut et du Bas Canada avant de décéder du choléra à l’âge de 46 ans en 1857.
Egan émigra au Canada en 1830 et s’établit à Aylmer en 1833. Vers 1840, il était devenu un marchand de bois prospère qui construisit une magnifique demeure en pierre située au 161, rue Principale à Aylmer. John Egan & Co (J.E. & Co.) fournissait de l’emploi à 3,800 hommes dans une centaine de camps de bûcherons. Aucun bûcheron dans les années du commerce du bois équarri n’avait auparavant dirigé une entreprise de cette envergure, surtout que les opérations avaient lieu simultanément dans presque tous les cours d’eau se déversant dans la rivière des Outaouais entre Des Joachims et Ottawa, une réalisation pour laquelle il fut admiré. La compagnie était d’une importance majeure pour la vallée des Outaouais. En plus d’employer directement des centaines de travailleurs, elle achetait des fournitures agricoles en grande quantité et fournissait du transport fluvial.
Egan avait une conscience sociale très développée et il n’oublia jamais ses modestes origines. La force ouvrière de J.E. & Co. était majoritairement composée d’émigrants irlandais de la vallée des Outaouais et de Canadiens français. Il était bon avec ses employés qui le tenaient en haute estime. En plus de diriger l’une des plus grandes industries forestières dans la vallée des Outaouais, Egan devint un homme politique de premier plan. En 1847, il fut élu maire d’Aylmer et le demeura jusqu’en 1855. En tant que représentant élu du Comté d’Ottawa et ensuite du Pontiac entre 1848 et 1857, il travailla sans relâche pour encourager l’appui du gouvernement à l’infrastructure public. Son décès prématuré fut une perte importante pour la région, particulièrement pour son développement économique.
John Egan croyait que les émigrants irlandais venaient au Canada non seulement pour des raisons économiques mais également pour échapper à l’inégalité, à l’injustice et au sectarisme qui existaient en Irlande à ce moment-là. Il était déterminé à faire sa part pour empêcher que l’intolérance raciale, le sectarisme religieux et la violence en Irlande constituent la base de la société canadienne. Cet objectif devint la caractéristique déterminante de sa vie publique et privée et sa plus importante contribution à la culture politique au Canada.
Les principes politiques anti-sectaires d’Egan furent l’élément essentiel qui conduisit éventuellement au succès des négociations de la Confédération canadienne. Les mots écrits par Egan en 1841 n’ont pas perdu leur pertinence pour le Canada d’aujourd’hui : « L’Irlande…a beaucoup et longuement souffert à cause de personnes qui conçoivent, …un esprit de parti qui a eu l’effet de forcer plusieurs des paisibles et bien disposés, à émigrer sur une autre terre. Ne permettez pas une telle conduite ici; que toutes différences nationales et religieuses soient enterrées dans l’oubli. »
Les relations d’affaires et les amitiés d’Egan faisaient également abstraction des divisions linguistiques. Il travailla avec et fut l’ami de plusieurs Canadiens français, y compris Joseph Aumond, Jos. Montferrand et Louis-Joseph Papineau, et il fut très respecté dans la communauté francophone. Il appuya aussi les efforts de la Première Nation Kitigan Zibi pour l’obtention de terres. Egan participa également à éliminer les barrières entre les différentes confessions chrétiennes.
Egan fut l’un des plus éminents citoyens d’Aylmer qui contribua d’une façon remarquable au développement social et économique de la communauté, y compris l’obtention de financement du gouvernement pour une nouvelle route, maintenant le Chemin d’Aylmer, qui relie Aylmer au Pont Champlain. Il facilita également l’intégration économique de milliers de nouveaux arrivants irlandais dans la vie canadienne. Il n’a pas vécu assez longtemps pour constater son apport important et durable à la vie politique. Dans un monde électoral de violence et de fraude, Egan appuya des élections libres et équitables. Finalement, il pratiqua une politique d’inclusion qui a enrichi la culture politique canadienne et a contribué à l’établissement d’une démocratie libérale au Canada. Les citoyens d’aujourd’hui peuvent s’inspirer de l’exemple d’Egan.
Par Michael McBane, Trad. française : Lorraine Deslauriers