LETTRE
L’athéisme n’est pas une religion
Contrairement à ce qu’affirme Robert L. Thompsett dans sa lettre parue dans l’édition du Bulletin du 10 avril dernier, l’athéisme n’est pas une religion.
L’athéisme n’est pas non plus un système de croyances comme il le prétend, mais bien le rejet des systèmes théistes. J’aime bien cette citation attribuée à Don Hirschberg : « Appeler l’athéisme une religion, c’est un peu comme nommer calvitie une couleur de cheveux ». Dans son Traité d’athéologie, le philosophe Michel Onfray dénonçait le relativisme ambiant : égalité entre la pensée magique et la pensée rationnelle; entre la fable et le mythe, et le discours argumenté; entre le discours thaumaturgique et la pensée scientifique. C’est sur ce chemin du relativisme que tente de nous entraîner M. Thompsett.
Or, comme l’affirme le Manifeste des penseurs athées, l’athéisme est le résultat de la pensée critique appliquée rigoureusement aux croyances surnaturelles. L’athéisme est l’état naturel de l’être humain une fois débarrassé de toutes les supercheries, chimères, religions et spiritualités surnaturelles qui encombraient son esprit jusque-là. L’athéisme favorise notre réconciliation avec notre propre humanité en rejetant l’aliénation des croyances.
Conséquemment, les athées préconisent la laïcité, c’est-à-dire la complète séparation entre les religions et l’État, et l’expulsion de toute influence religieuse des institutions publiques. En tant qu’athée, je ne peux que me réjouir du projet de loi sur la laïcité de l’État du gouvernement du Québec qui viendra modifier la Charte des droits et libertés de la personne afin d’y inscrire que les libertés et droits fondamentaux doivent s’exercer dans le respect de la laïcité de l’État.
À l’inverse de ce qu’affirme M. Thompsett, le port de signes religieux, par les représentants de l’État laïc qui l’incarnent, vient indubitablement altérer la neutralité religieuse « en fait et en apparence » de l’État. C’est pour cette raison que ce projet de loi propose, afin de respecter la liberté de conscience et de religion de tous, que certains de ses représentants, en poste d’autorité, soient appelés à ne pas porter de signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions. Il n’y a là, M. Thompsett, aucun complot marxiste …
Luc Gagné,
Aylmer