Conseillers municipaux d’Aylmer
L’environnement à Aylmer dans les quatre prochaines années
Hormis la question du transport collectif, les enjeux environnementaux ont peu été abordés lors des principaux débats organisés pendant la campagne électorale qui a pris fin le 5 novembre dernier. Les candidats à la mairie ont eu l’opportunité de présenter leurs priorités durant un événement à la ferme Moore, mais les conseillers n’ont eu que peu d’occasions de se prononcer publiquement sur ce thème durant la campagne. Le Bulletin a donc discuté avec les quatre élus d’Aylmer afin de mieux comprendre les dossiers environnementaux qu’ils souhaitent défendre au cours du prochain mandat.
Audrey Bureau, conseillère du district d’Aylmer
La nouvelle conseillère du district 1 mise sur de meilleures pratiques au niveau de la planification urbaine à Gatineau. À cet effet, elle croit qu’il faut poursuivre les changements qui ont commencé à être apportés dans les dernières années, dont la réforme de l’urbanisme et l’imposition de frais de croissance. « Ce que j’ai à l’œil particulièrement, c’est l’exercice de concordance qui consiste à prendre le schéma d’aménagement et à harmoniser nos règles d’urbanisme pour les faire correspondre. C’est un exercice sur plusieurs années, mais qui est nécessaire. Ça va faire en sorte que le promoteur ne pourra plus choisir en fonction de la règle qui l’avantage le plus et ça va permettre de mieux protéger notre patrimoine ». Elle croit aussi qu’il faut que le transport en commun devienne structurant. « On a beaucoup d’actions à mettre en place à court, moyen et long terme » nous dit-elle. « Je pense qu’au niveau du transport en commun, il faut un investissement massif et des solutions en attendant que cet investissement massif donne des résultats concrets ». Elle souhaite aussi voir des changements au niveau de la gestion des matières résiduelles : « Je ne trouve pas ça normal que nous ayons encore des condos qui ne soient pas obligés de faire du compostage, je ne trouve pas ça normal qu’on n’accompagne pas les entreprises vers le recyclage, on est en 2017! Et on ne parle même pas encore de compostage pour les entreprises ». De telles mesures sont prévues par le plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) 2016-2020, mais elles devront devenir prioritaires selon Madame Bureau. La conseillère d’Aylmer se dit aussi très préoccupée par la question des surverses des égouts dans la rivière des Outaouais : « on en a très peu parlé et Ottawa est vraiment en avance sur nous à ce sujet. Nous, on n’est même pas rendus à mettre de l’argent de côté parce qu’on n’a pas de plan d’action. On ne sait même pas quand il y a des surverses et pour moi, ce n’est pas admissible ».
Gilles Chagnon, conseiller du district de Lucerne
À Lucerne, Monsieur Chagnon souhaite agir plus particulièrement au niveau de la sensibilisation pour inciter les citoyens à modifier certaines pratiques qui ont un impact négatif sur l’environnement. « La sensibilisation qui se traduit en gestes concrets, c’est le plus grand défi actuellement » croit-il. « J’ai eu la chance de voyager pour le travail et Vancouver est une ville qui m’inspire beaucoup au niveau de l’environnement. Ils sont vraiment en avance et nous n’avons pas besoin de toujours réinventer la roue; on peut aller voir les bonnes pratiques dans les autres villes. Il faut travailler avec les citoyens, les promoteurs, les entreprises et aussi les gestionnaires de propriétés pour comprendre les défis et créer une prise de conscience publique » explique-t-il.
Parmi les actions qu’il aimerait appuyer dans son district, la création d’un écocentre occupe une place de choix : « J’aimerais bien que l’on crée un écocentre à Aylmer, car je sais que certains gens prennent leurs déchets et vont les jeter dans la forêt Boucher ou dans les autres espaces boisés ». Selon lui, une telle action serait peu coûteuse et permettrait de combiner service de proximité et environnement : « Ça ne coûte pas extrêmement cher à faire, mais ça donne des résultats concrets » soutient-il. Monsieur Chagnon se dit aussi très sensible à la question du transport actif et de la sécurité des piétons, notamment celle des enfants. Il souhaite travailler sur les incitatifs pour la réduction de la vitesse, notamment les panneaux indiquant la vitesse sur les bords de route. Il souhaite aussi agir sur les passages piétonniers, car « ils sont là mais les automobilistes ne les respectent pas. Je veux donc agir […] pour éviter les accidents ». Le conseiller du district 2 croit surtout que, pour le compostage comme pour le reste, il ne faut pas utiliser une approche répressive, mais plutôt travailler avec les citoyens, leur donner des outils et faire en sorte que les gens prennent en charge les activités.
Mike Duggan, conseiller du district de Deschênes
Le nouveau conseiller de Deschênes, qui est aussi le conseiller sortant de Lucerne, souhaite que le développement se fasse de façon plus responsable à Aylmer, comme partout à Gatineau. « On sait tous que, pour les développeurs, leur intérêt est de faire un projet rentable. L’administration a beaucoup de dossiers, a une charge de travail très lourde et son intérêt, c’est d’avoir moins de dossiers et de les régler rapidement. Alors on remarque que l’intérêt des citoyens n’est pas dans les priorités de ceux qui décident présentement. Car, si un promoteur présente à l’administration un projet conforme au zonage, ils signent et l’élu ne voit même pas les plans » explique-t-il. « Mais après que [le projet] soit construit, on entend les citoyens qui se plaignent parce que le transport actif n’a pas été considéré, il n’y a pas d’espace vert, il n’y a pas d’espace communautaire et il n’y a pas de considération pour le transport en commun ». Selon Monsieur Duggan, c’est l’élu qui doit gérer le mécontentement des citoyens, ce qui fait que l’élu « a toute la responsabilité, mais n’a pas l’autorité ». Le conseiller plaide pour que les règles d’urbanisme et les processus décisionnels soient modifiés afin que les citoyens et l’environnement soient inclus formellement, avant même que les projets ne soient approuvés. Le conseiller a aussi à cœur la protection des espaces verts à Gatineau et il souhaite que davantage d’efforts soient fait au niveau de l’acquisition de terrains par la ville. « Lorsqu’on regarde la belle grande ville de Gatineau, on peut voir qu’on a un poumon à gauche et un poumon à droite, c’est le Lac Beauchamp à l’est et la forêt Boucher à l’ouest » explique-t-il. « C’est là où on a les arbres et les milieux humides qu’il faut préserver. Ce qu’on remarque, c’est que beaucoup de ces terrains appartiennent à des propriétaires privés, des promoteurs qui ont l’intention de développer des projets ». Le conseiller propose d’acheter davantage de terrains, mais aussi d’imposer des limites aux promoteurs pour que les développements ne se fassent plus sur le même modèle que dans les dernières décennies.
Maude Marquis-Bissonnette, conseillère du district du Plateau
La conseillère du Plateau, dont une partie du district se trouve à Aylmer, estime que le principal défi pour son district est celui du transport collectif.
« L’enjeu environnemental le plus important est l’enjeu du transport parce que c’est là qu’il y a le plus d’émissions de gaz à effet de serre. Il faut limiter le plus possible l’auto solo et, pour ça, le train léger sur rail est vraiment une solution pour diminuer la dépendance à la voiture ». Elle remarque que l’ajout et la modification de trajets d’autobus dans les dernières années n’a pas réussi à solutionner le problème de trafic aux heures de pointe. « On a constaté qu’il y a un maximum qu’on peut atteindre avec l’autobus » nous dit-elle. La jeune maman est également très préoccupée par la question du transport actif et soulève des préoccupations en lien avec la sécurité dans le cadre du projet d’élargissement de Pink : « il y a une grande piste multifonctionnelle, mais il n’y pas de piste cyclable et il n’y a pas de trottoir alors que, pourtant, c’est un axe qui est utilisé par les autobus, et notamment par les autobus scolaires des enfants qui se rendent à l’école secondaire Mont-Bleu » explique-t-elle. « Le transport collectif, oui, mais il y aussi le transport actif, il faut penser vélos et il faut penser piétons ». Madame Marquis-Bissonnette se sent également très interpellée par la problématique des îlots de chaleur sur le Plateau, principalement à cause des stationnements. « Le Plateau est presque tout développé, mais il reste quelques projets et j’aimerais voir comment je peux influencer ces projets pour réduire les îlots de chaleur ». Elle souhai-terait notamment discuter avec les propriétaires du mégacentre commercial ou encore avec les promoteurs de nouveaux développements pour déterminer de quelle façon les stationnements pourraient être verdis. « Je compte faire une consultation publique en hiver 2018 pour voir ce que les citoyens en pensent parce que je suis certaine qu’ils ont des bonnes idées. Ensuite, j’aimerais travailler avec les promoteurs pour voir ce qu’ils seraient prêts à faire et comment concrétiser ces bonnes idées », confie-t-elle. La conseillère du Plateau conclut en nous partageant de nombreux projets qu’elle souhaite voir se concrétiser : la protection de la forêt Boucher, le compostage, les subventions pour les couches lavables et l’électrification des véhicules de la flotte municipale ne sont que quelques-unes des idées qu’elle souhaite mettre de l’avant d’ici 2021.