LETTRE
L’immatriculation des armes à feu : une mesure de santé durable
La date du 6 décembre 1989 restera marquée dans nos mémoires comme étant celle du jour où 14 étudiantes ont perdu la vie à l’école Polytechnique de Montréal, aux mains d’un tireur muni d’une arme semi-automatique. Puis, le 13 septembre 2006, l’horreur frappe de nouveau au Collège Dawson de Montréal. Bilan: deux morts et une vingtaine de blessés.
Ces événements rappellent l’importance qui doit être accordée par le gouvernement à la protection, à la prévention et à la sécurité de la population. L’immatriculation des armes à feu doit être traitée avec la même logique et efficacité que l’enregistrement de tout véhicule motorisé. En effet, avant de faire l’acquisition d’une voiture, il est d’abord obligatoire de suivre des cours de conduite, de passer un examen et d’obtenir un permis. Une fois en possession d’un véhicule, il est tout aussi obligatoire de l’enregistrer et de prendre une assurance.
L’enregistrement des armes à feu doit être abordée de la même façon, en tant que mesure prometteuse faisant partie d’une stratégie plus globale de lutte à la violence et aux traumatismes associés à l’utilisation d’armes à feu. Dans le cas de la sécurité routière, des campagnes de sensibilisation ont lieu afin d’éduquer les gens sur la conduite avec facultés affaiblies; l’importance de respecter le code de la route; le port obligatoire de la ceinture de sécurité; la vitesse excessive au volant; l’utilisation d’un cellulaire en conduisant; la rage au volant, etc. Il devrait en être de même pour la possession d’une arme à feu!
Avec le projet de loi 64, le Québec s’inscrit dans la tradition des pays qui considèrent comme normal que les citoyens doivent immatriculer leurs armes. C’est le cas entre autres du Japon, des Pays-Bas, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Irlande du Nord, de l’Australie. Tous ces pays affichent un taux d’homicides par armes à feu inférieur à celui du Canada.
Par mesure de prévention, de protection et de sécurité, l’ASPQ soutient l’immatriculation des armes à feu au Québec, contribuant ainsi à bâtir une société où la santé sera durable au 21e siècle.
Lilianne Bertrand, présidente
Louise Soulière, vice-présidente, Association pour la santé publique du Québec
Montréal