LETTRE
L’incapacité à trouver une résolution qui répond aux attentes du peuple
Encore une Journée internationale des travailleurs et des travailleuses (avec ou sans emploi) qui se déroule en Outaouais dans un contexte de crise : pandémie en 2020, inondations en 2019 et 2017, carrés rouges en 2012! Trois types de crise (santé publique, climatique, sociale) dont le dénominateur commun est l’incapacité de l’ordre néolibéral à trouver une résolution qui répond aux attentes du peuple.
Aujourd’hui, le 1er Mai 2020, les travailleuses et les travailleurs de l’Outaouais que nous représentons n’ont pas le cœur à la fête. Trop de nos membres, qui font un travail dit « de première ligne » sont malades et s’épuisent. D’autres vivent le stress d’avoir perdu leur emploi. Pour un deuxième mois, ils se retrouvent devant l’impossibilité de payer le loyer ou de pouvoir payer celui-ci sans être capable d’acheter de la nourriture… Les programmes gouvernementaux d’urgence, annoncés en grande pompe, illustrent trop bien la précarité de ce qu’on tente de nous imposer comme la norme.
Les crises le démontrent. sans le travail concret, les biens et les services nécessaires pour faire vivre l’ensemble de la société ne se produisent pas. Les crises le démontrent. si les travailleurs et les travailleuses produisent ce qu’il faut pour faire vivre tout le monde, les spéculateurs de la bourse et de l’immobilier, les banquiers et les actionnaires ne produisent rien qui est socialement utile. Les crises le démontrent une économie organisée strictement en fonction du développement et de l’exploitation des ressources non-renouvelables, de la recherche du profit dont l’effet est la croissance des inégalités économiques.
Les crises le démontrent la démocratie est fragile chez nous. Trop souvent, les personnes concernées sont écartées du processus décisionnel. Quarante-milles personnes prennent la rue à Gatineau en septembre 2019, pour revendiquer un changement de cap majeur des politiques environnementales : rien ne change. En pleine pandémie, le Gouvernement du Québec décide unilatéralement de poursuivre les négociations pour renouveler les conventions des centaines de milliers de travailleuses du secteur public / parapublic : des « négociations virtuelles » qui ne permettent aucune validation démocratique, en cours de route, de la part des principaux intéressés.
Le 1e Mai est né en 1886 quand les travailleurs descendent dans la rue pour revendiquer une journée de travail de huit heures. Pour pouvoir décider de leur avenir. Cette année, nous ne descendrons pas dans la rue. Ce n’est que partie remise. Parce que les crises le démontrent. Les travailleurs et les travailleuses du monde entier sont une force de changement social. Et nous voulons que ça change! Sur ce point, nous sommes uni.es!
Simon Dostie-Cormier,
Syndicat de soutien scolaire de l’Outaouais (SSSO-CSQ)
Alexandre Deschênes,
Collectif régional de lutte à l’itinérance de l’Outaouais (CRIO)
Gatineau / Lac-des-Loups