LETTRE
La Coalition féministe rencontre le Parti québécois
Le 23 mai 2018 La Coalition féministe contre la violence envers les femmes (CFVF) a rencontré le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, accompagné de la vice cheffe, Véronique Hivon, et de la représentante de la condition féminine, Catherine Fournier. La CFVF a bien entendu exigé une rencontre avec chacun des chefs de partis mais tous n’ont pas donné suite à cette invitation.
La CFVF a présenté ses revendications pour une société sans violence pour toutes les femmes et demandé des propositions claires de changements fondamentaux. Nous apprécions évidemment la promesse d’appliquer l’analyse différenciée selon les sexes intersectionnelle (ADS+) dans l’ensemble des politiques publiques et la volonté de travail avec les groupes experts, dont par exemple le déploiement du futur programme d’éducation sexuelle.
Alors que les taux de dénonciation diminuent (de 30 à 22% en violence conjugale et de 10 à 5% en agressions sexuelles), que les agressions sexuelles et les séquestrations augmentent, que les conditions de vie des femmes se détériorent, et que les groupes qui œuvrent au plus près des femmes luttent pour leur survie faute de financement, l’état des lieux est inquiétant.
Femmes (en situation de handicap, sourdes, immigrantes et racisées, de la diversité sexuelle, ainées, Autochtones, en situation d’itinérance, avec une problématique de santé mentale ) toutes les femmes risquent d’être victimes de violence. Les femmes ne sont pas des minorités et doivent être au centre de nos préoccupations. Pour ce faire, nous exigeons une réelle prise en compte des réalités des femmes dans la production des politiques publiques. Système judiciaire, d’immigration, DPJ et réseau de la santé : tous les acteurs doivent revoir leur fonctionnement afin d’assurer sécurité, dignité et liberté aux femmes !
Les femmes en ont assez de subir la perte de leurs acquis. Le désengagement continuel de l’État et le refus des gouvernements successifs de reconnaître les réalités avec lesquelles elles doivent composer les mettent en danger. La démographie change, l’économie aussi. Le filet social que le Québec a mis 40 ans à construire est en effritement continuel faute de volonté politique. L’égalité de fait pour toutes les femmes est loin d’être atteinte et la violence spécifique qu’elles subissent toujours, parce qu’elles sont des femmes, en est la preuve incontestable autant qu’un mécanisme de maintien de ces inégalités.
Marie Hélène Senay, CFVF
Montréal
( La Coalition regroupe une quinzaine de groupes et regroupements œuvrant contre la violence envers les femmes.)