LETTRE
La place de l'économie au Parti québécois
Beaucoup d’encre a déjà coulé au sujet de la démission inattendue de Pierre Karl Péladeau et des raisons qui l’ont provoquée. Dans les prochains jours, des articles seront publiés pour décrire les tractations qui se produiront dans les rangs du Parti québécois (PQ). Peu feront état de la perte de crédibilité économique du PQ à long terme. Il s’agit pourtant d’un élément important.
Le Parti québécois, lorsqu’il a connu du succès, était une coalition de politiciens de droite et de gauche. Que reste-t-il maintenant de ces péquistes qui ont une sensibilité pour les questions économiques? Qui les représente au caucus du PQ? Alors que l’état-major du parti est en train de déterminer les prochaines étapes, nous nous interrogeons sur la volonté du Parti québécois à faire de la place à ces Québécois qui se soucient des impôts trop élevés, à ces Québécois qui s’inquiètent de la dette astronomique que nous léguons à notre jeunesse, à ces Québécois qui veulent que notre dépendance économique envers le reste du Canada cesse.
Même si M. Péladeau n’en parlait pas assez souvent, il avait une crédibilité certaine auprès de ces électeurs, étant donné son parcours d’homme d’affaires. Cela était sain d’avoir une opposition officielle assez forte sur le plan économique pour tenir le gouvernement responsable de ses actions et de ses politiques. Dans ce contexte, une alliance du PQ avec Québec solidaire – sans Péladeau – enverrait un message très clair aux contribuables : le PQ préfère les syndicalistes, les «altermondialistes», les socialistes, bref tous les «istes», groupes de pression qui veulent encore plus de votre argent. Le parti qui forme l’opposition officielle – un rôle important en démocratie parlementaire – cesserait ainsi d’être un parti qui aspire à plaire à un large pan de l’électorat.
Nous nous en inquiétons.
Pourtant, ce n’est pas le travail d’opposition qui manque à Québec. Le gouvernement libéral continue de nous saigner à blanc avec ses taxes, impôts et tarifs. Les hôpitaux sont vieillissants, nos écoles sont en mauvais état et les infrastructures sont à reconstruire. Notre province reçoit des sommes astronomiques en péréquation chaque année. Les élus libéraux s’apprêtent à lever le nez sur l’exploitation de nos ressources sur l’île d’Anticosti, nous privant ainsi peut-être collectivement de milliards de dollars. En avons-nous vraiment les moyens?
Pendant cette nouvelle course à la chefferie du Parti québécois, le gouvernement ne fera pas l’objet d’autant d’attention et de surveillance. Notre gouvernement s’en retrouvera moins responsable, au détriment des contribuables québécois. Alors que les péquistes seront occupés à se trouver un chef, il reviendra à la CAQ d’assumer le rôle d’opposition officielle officieuse. Une chance que le Québec soit sorti de son traditionnel bipartisme, pour un moment du moins.
Carl Vallée, Directeur, La Fédération canadienne
des contribuables
Québec