ÉDITORIAL
La poire ou la pomme?
On pourrait aborder le sujet de la rentrée scolaire de bien des manières. L’une d’entre elles concerne la santé physique de nos enfants et de la société en général. L’une de mes amies médecin m’a appris récemment que le mot « obèse » pouvait concerner très rapidement à peu près tout un-e chacun-e. En effet, ce que je prenais pour un simple embonpoint, vulgairement appelé « bouée », est de l’obésité. Je croyais naïvement que l’on pouvait être gros sans être obèse. Grave erreur.
Cela explique les chiffres alarmants publiés par l’Institut national de santé publique du Québec, en particulier à propos de l’obésité abdominale, qui entraîne les mêmes risques de maladies (cardiovasculaire, hypertension et diabète de type 2) que n’importe quelle autre obésité. 2,3 millions de Québécois sont touchés. 1 personne sur 4 autour de nous en moyenne! Le phénomène, vieux de deux générations à peine, n’est pas seulement causé par une mauvaise alimentation (malbouffe, aliments transformés) liée à un manque d’exercice physique ou à l’hérédité. Selon les spécialistes, ses racines sont plus profondes: stress, inégalités sociales, pollution atmosphérique, accès aux déplacements actifs, etc.
Avoir un « poids santé » (le fameux Indice de Masse Corporelle) n’est plus un critère suffisant. 20% des Québécois « non-obèses » sont quand même à risque, pour un total de 40%, en incluant les autres obèses. Pire, aujourd’hui on n’attend plus d’avoir un certain âge, disons la quarantaine, pour devenir obèse. Cela commence de plus en plus jeune, et chez de plus en plus de jeunes… Je vous passe le nombre de centimètres que notre tour de taille a pris en 40 ans ; il est désormais le facteur de risque déterminant d’après toutes les études médicales. Le nombre de jeunes à risque de problèmes de santé liés au surpoids a été multiplié par 5 depuis 1980. 1 jeune sur 5. Et cela se vérifie aisément : regardez autour de vous le nombre avec un surplus de « tissu adipeux » à l’abdomen…
Au Québec comme partout sur la planète, c’est le mode de vie qui doit être repensé, avec des politiques publiques ayant une vision globale du problème pour le soutenir dans ces changements. Or, nos enfants passent une bonne partie de la journée à l’école. Si la nourriture qu’ils y prennent doit faire l’objet d’une rigoureuse sélection, il faut également offrir, encourager, les forcer à bouger davantage. Et quoi d’autres que les sports pour mener à bien cette noble mission?
L’école québécoise a-t-elle su relever le défi ces dernières années? J’en doute personnellement, au vu des résultats. Dignes héritiers du cartésianisme, les programmes d’édu cherchent à imposer une approche réflexive (éthique, scientifique) à la pratique du sport. Pourquoi théoriser alors que les jeunes ont juste envie de jouer? Allouons plus de temps à l’activité physique, et puis dépensons l’argent judicieusement, notamment en favorisant les sports inclusifs (pour gars et filles), peu coûteux, qui nécessitent peu d’équipement; réduisons ou même annulons les frais d’inscription aux sports interscolaires, au lieu d’appliquer la principe « utilisateur/payeur ». Courage, persévérance, assiduité/ponctualité, coopération, voilà de saines vertus que le sport développe en même temps que de saines habitude de vie. Alors, n’hésitez pas, dès la rentrée, encouragez voitre enfant à se rendre à l’école en vélo et inscrivez-le à un sport interscolaire!