LETTRE
Le Canada, le Québec et la co-souveraineté
Le grand rêve des souverainistes québécois ne s’est pas évaporé comme neige au soleil. La preuve, on peut la voir dans la performance de Québec solidaire lors des élections provinciales de 2018. On peut la voir aussi dans le résultat obtenu par le Bloc québécois au cours des élections fédérales de 2019.
L’histoire du Canada se révèle comme une longue suite de compromis entre les deux peuples fondateurs, français et anglais. Dans cet esprit, examinons l’option de la co-souveraineté. Qu’est-ce que c’est? La co-souveraineté, c’est une souveraineté partagée. Ce concept est-il transposable au Canada?
Il faudrait modifier la constitution canadienne, un document que le Québec n’a toujours pas signé. Il faudrait aussi repenser l’organisation administrative de la confédération. Dans un Canada à deux, et non à dix, pourquoi ne pas créer une véritable confédération, soit une entité décentralisée? Cette confédération pourrait être articulée d’une part sur les neuf provinces du Canada anglais, regroupées en Fédération autonome du Canada, et d’autre part sur le cœur du Canada français, le Québec, transformé en République autonome.
La Fédération autonome du Canada et la République autonome du Québec seraient toutes deux souveraines, mais sous le grand chapiteau confédéral. Elles auraient une administration séparée et distincte, afin de préserver l’intégrité de leur gestion intérieure. Toutes les responsabilités internes seraient concentrées dans chacune de ces deux entités. Seules seraient conjointes les responsabilités dévolues aux Affaires étrangères et à la Défense nationale (les attributs majeurs de la souveraineté classique).
Examinons aussi le concept de districts linguistiques autonomes. Pourquoi ne pas créer des districts autonomes anglophones à l’intérieur du Québec, sur l’Île de Montréal, mais aussi en Outaouais, en Estrie et ailleurs? Pour donner un exemple, dans l’Outaouais, de tels districts pourraient très bien être implantés dans les secteurs Aylmer et Buckingham de la Ville de Gatineau, ainsi que dans l’est de la région du Pontiac, autour de Shawville.
De même, pourquoi ne pas créer des districts autonomes francophones hors du territoire québécois, couvrant l’Acadie et les secteurs où vivent d’importantes concentrations de Franco-Ontariens, ainsi qu’ici et là dans les quatre provinces de l’Ouest et dans les trois territoires? Par exemple, les Comtés unis de Prescott et Russell, une juridiction ontarienne très majoritairement francophone, pourrait faire l’objet d’un tel district, tout comme l’est de la Ville d’Ottawa et l’ensemble de la Ville de Cornwall, entre autres possibilités.
Dans la même foulée, pourquoi ne pas créer, pour la capitale nationale, un territoire confédéral bien distinct, à cheval sur l’Ontario (Ottawa) et le Québec (Gatineau)? Ce territoire confédéral serait un peu l’équivalent du District of Columbia (Washington).
Discutons-en. Les débats sont ouverts…
Charles Millar
Gatineau