Le maire de Gatineau au sujet du budget provincial
Ariann Bouchard
Quelques jours avant le dépôt du budget du gouvernement du Québec le 28 mars dernier, par voie de communiqué, le maire de Gatineau, M. Maxime Pedneaud-Jobin, a rappelé à ses concitoyens les prio-rités locales mises de l’avant lors des consultations pré- budgétaires.
Transport collectif, logement, infrastructures, cannabis et taxes foncières sont les secteurs priorisés dans les demandes faites par l’administration municipale à l’état québécois.
Monsieur le maire soulève des enjeux importants lorsqu’il mentionne que « les villes ont à leur charge 58 % des infrastructures publiques, mais elles ne reçoivent que 8 % des taxes et impôts payés par les Québécois (…) » Il conclut que la contribution du gouvernement du Québec doit donc augmenter.
Il abonde dans le même sens lorsqu’il revendique l’abolition des en-lieu de taxes en simples taxes foncières. Mais,les en-lieu de taxes ont été créés afin d’éviter que les contribuables, vous et moi, n’ayons pas à payer deux fois pour les infrastructures collectives. L’édifice hospitalier n’a pas à être payé une fois au provincial et une seconde fois à la ville à même nos impôts.
Une grande source de revenus pour les municipalités provient de la perception des taxes foncières. Et c’est là la racine des conflits. Entre la vision citoyenne qui désire vivre dans une ville qui respecte son patrimoine bâti et ses espaces verts et la vision des élus qui ne voient que les sources de revenus supplémentaires à chaque dépôt de projet de construction, deux réalités coexistent.
De chacune des demandes d'ensemble résidentiel, de chacune des dérogations aux règlements, de toutes les modifications faites au zonage naît l’effritement d’un milieu de vie. Parce qu’avec la multiplicité de projets de domiciliaires vient l’augmentation de la demande en services, donc des coûts d’exploitation de la ville.
M. Pedneaud-Jobin désire « équilibrer davantage les choses afin de permettre aux villes d’en faire plus », mais, ce que je lis dans les mots exprimés dans les pages de ce journal et dans la bouche de mes voisins, ce n’est pas d’en faire plus, mais de faire mieux. Mieux avec le transport collectif déjà en place, mieux avec les programmes de logements existants, mieux ou autrement avec les ressources actuelles.
Le maire, est consistant dans ses revendications face à l’état québécois, je note cependant les grands absents : les outils fiscaux d’aide à la protection de l’environnement, ou même des transferts de crédits provinciaux qui pourraient être spécifiquement dédiés au développement de l’art et la culture locale.
Quant au cannabis et ses impacts sur les services municipaux lors de l’entrée en vigueur de sa légalisation, la même logique s’applique. C’est-à-dire que les municipalités voient dans ce projet de loi une nouvelle source de revenus. Allons-nous être témoins d'une autre série de dérogations et de modifications aux règlements afin d’accommoder la multiplication d’entreprises de production et de vente de pot?
Comprenez-moi bien, il ne faut pas dire non à toute source de développement et au changement. La création d’un musée dévoué à l’histoire et la culture spécifiquement gatinoise serait bienvenu dans le paysage urbain. Au-delà de l’augmentation des pouvoirs, de l’autonomie et des transferts de fonds aux municipalités, il ne faut pas oublier que ces organisations ont été créées au service des citoyens et non pour la ville en soi.