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Le réseau scolaire québécois plus inégal qu’il y a vingt ans
Alors que les parents attendent de savoir dans quel programme ou école seront admis leurs enfants, une nouvelle https://iris-recherche.us4.list-manage.com/track/click?u=d77a17eb97fce0bc47ca1edce&id=b2e866f63d&e=9c512dd977 étude de l’IRIS révèle que le système d’éducation québécois demeure hautement inégalitaire et ce, en dépit des efforts pour réduire l’exode des élèves vers le système privé. En effet, en 2021, près de la moitié (44%) des élèves du secondaire étaient retiré·e·s des classes ordinaires du réseau public pour être inscrit·e·s à l’école privée ou dans un programme particulier. Au vu du développement qu'il a connu dans les dernières années, le phénomène de l'école à trois vitesses devrait préoccuper le ou la prochaine ministre de l'Éducation.
Au cours des vingt dernières années, le nombre d’élèves qui fréquentent les écoles primaires et secondaires privées a bondi de près de 20% au Québec. Durant la même période, l’effectif des écoles publiques a diminué de 4%. En finançant environ 60% du coût des services éducatifs des écoles privées, le gouvernement du Québec encourage la migration des personnes issues de milieux aisés vers le privé et contribue à séparer les élèves du système scolaire québécois en fonction de leur statut socio-économique et de leurs performances scolaires. En plus de reproduire les inégalités déjà existantes, ce phénomène entraîne un transfert des ressources vers le privé et contribue à la détérioration des services offerts dans le réseau public..
--------- Un système d’éducation qui renforce les inégalités régionales
En raison d’une présence plus grande des écoles privées dans les marchés les plus rentables pour elles, la proportion d’élèves inscrit·e·s dans le réseau privé est beaucoup plus importante dans les centres urbains. Ainsi, au secondaire, cette proportion atteint 34 % à Montréal et 24 % dans la région de la Capitale-Nationale, alors qu’elle n’est que de 5 % sur la Côte-Nord et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Par ailleurs, aucun·e élève du primaire ou du secondaire ne fréquente le réseau privé dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, du Nord-du-Québec et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
-------- Programmes particuliers : une forme d’élitisme au sein du réseau public
Alors que les programmes particuliers ont été créés pour retenir les élèves dans les écoles publiques et augmenter leur attrait, leur place au sein du réseau public a augmenté au cours des dernières années. En 2021, près du quart (23%) des élèves du secondaire étaient retirés des « classes ordinaires » pour être inscrit·e·s dans les programmes particuliers du secteur public comme Sport-études, Arts-études ou Éducation internationale, une proportion qui est en hausse de 50% depuis 20 ans.
https://iris-recherche.us4.list-manage.com/track/click?u=d77a17eb97fce0bc47ca1edce&id=de9c427991&e=9c512dd977 L’étude montre pourtant que ces programmes reconduisent des inégalités au sein même des écoles publiques puisqu’ils sont très souvent réservés aux élèves les plus privilégié·e·s et les plus performant·e·s. En effet, plusieurs de ces programmes spécialisés imposent la sélection des élèves par le biais de tests d’admission, et 76% d’entre eux exigent une contribution parentale, qui est en moyenne de 1 220 $ par an et qui peut parfois atteindre 14 000 $.
En participant ainsi à l’“écrémage” des classes ordinaires, qui accueillent en plus forte proportion les élèves issu·e·s des milieux défavorisés ou ayant des difficultés d’apprentissage, le réseau public contribue pleinement à la reproduction des inégalités. Il est donc impératif de repenser en profondeur l’organisation et le financement des services scolaires pour mettre fin à l’école à trois vitesses et à aux pratiques de sélection des élèves du primaire et du secondaire .
Anne Plourde, IRIS
Montréal