ÉDITORIAL
Les artistes et la politique….
Qu’ont en commun Stefan Psenak, Antoine Bertrand et les 101 artistes qui ont rendu publique une lettre de soutien à PKP (Le Devoir, le 29 avril 2015)? Qu’ils soient écrivains, acteurs, peintres, photographes, metteurs en scène ou musiciens, ils se sont mêlés au débat public à propos de sujets d’actualité, de sujets de société.
Certains pourraient s’étonner que ces personnes sortent de leur tour d’ivoire afin de se mêler des affaires du commun des mortels. Après tout, ce sont des artistes, donc forcément des gens originaux, qui volontairement vivent en marge de la société ; plaisants à voir à la télévision, au cinéma, dans une galerie d’arts, à écouter au théâtre ou dans une salle de spectacle, mais de là à se mêler des « vraies affaires »! Avec quelle expertise? Au nom de qui ou de quoi?
De plus, si Antoine Bertrand a utilisé la tribune qu’est le gala de l’ADISQ pour rappeler son soutien aux profs, un peu de la même manière que le groupe de 101 artistes a publié dans les journaux son texte de soutien au PQ, Stefan Psenak, lui, a sauté le pas il y a quelques années, en se présentant comme conseiller municipal et, élu, a exercé son mandat pendant quatre ans. Ce n’est pas tout à fait identique…
Certes, mais disons que cela peut amener à nous poser des questions. Par exemple, les artistes sont-ils une catégorie de la population à part, qui doit garder une certaine distance avec la chose politique? L’arme de l’artiste, si tant est qu’il veuille se mêler des affaires publiques, n’est-elle pas son art précisément? Vous pensez peut-être :
« Qu’il écrive plutôt une chanson contre le PLQ ou une série télé sur le milieu de l’enseignement ». Autre question : qu’est-ce que faire de la politique? Littéralement, c’est ce qui concerne la « polis », terme grec qui veut dire la cité, la ville, par extension le pays. Faire de la politique signifie donc s’occuper des affaire de la ville. Mais qui cela concerne-t-il? Les aînés? Les jeunes? Les femmes? Les hommes? Les nouveaux arrivants? Les habitants « de souche »? Les hommes ou femmes d’affaires? Les fonctionnaires? Probablement tout le monde. Du plan d’urbanisme à la politique culturelle, en passant par l’éducation, la santé, l’environnement, les transports, l’énergie ou la sécurité, comment pourrions ne pas nous sentir concernés? Nous vivons cela au quotidien. Peu importe notre domaine d’activité. De ce point de vue, les artistes ne semblent pas être différents des autres citoyens.
Alors, ne nous étonnons pas des Psenak ou des Bertrand de ce monde : ils ont comme tout le monde le droit, la liberté d’exprimer leur opinion sur les affaires de notre ville, de notre province, de notre pays, de notre monde – et il n'y en a qu’un d’ailleurs, soit dit en passant… Et si certains d’entre eux veulent s’impliquer, entrer dans les institutions afin de peser encore plus dans la balance, à leur guise!
Bulletin d’Aylmer
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