Les commissions scolaires abolies
par une décision prise tôt le matin
Allyson Beauregard
Le projet de loi 40, qui abolit les 60 commissions scolaires francophones et les 9 commissions scolaires anglophones de la province pour les remplacer par des centres de services, a été adopté le 8 février après que la Coalition Avenir Québec (CAQ) ait invoqué la clôture, limitant ainsi le débat sur le projet de loi; 60 députés ont voté en faveur (tous les CAQ), tandis que 35 s’y sont opposés.
La CAQ prétend que 10 millions de dollars seront économisés en abolissant les élections des commissions scolaires, et que les parents auront plus de pouvoir. Les centres de services francophones auront des membres nommés, tandis que les élections auront toujours lieu dans les centres anglophones.
Les postes des commissaires des conseils scolaires francophones ont été abolis immédiatement, mais les commissaires du réseau anglophone conserveront leur rôle jusqu’au
1er novembre pour assurer l’intérim en attendant que les directeurs des centres de services anglais soient élus. Leur mandat sera de trois ans.
C’est la quatrième fois en huit mois que le gouvernement de la CAQ met fin aux débats de façon unilatérale.
«C’est un triste jour pour la démocratie au Québec lorsqu’un gouvernement, malgré l’opposition de nombreux intervenants, refuse d’écouter et de consulter et décide de couper court à tout débat en forçant l’adoption du projet de loi», a déclaré Alain Guy, commissaire de la Commission scolaire Western Québec.
Bien que M. Guy ne pense pas que la voix des parents disparaîtra un jour dans le système d’éducation québécois, il craint qu’elle ne soit pas prise au sérieux par le gouvernement en raison des pouvoirs décisionnels limités qu’auront les représentants des parents.
Les nouveaux centres de services devraient être opérationnels d’ici la prochaine année scolaire, mais de nombreuses associations d’éducation ont menacé de contester le projet de loi.
«Nous allons rencontrer nos avocats très bientôt pour examiner les prochaines étapes. Tous les Québécois devraient s’inquiéter du dangereux précédent que le gouvernement a établi; ils ont utilisé l’imposition continue et arbitraire de la fermeture (de débats) pour créer des lois sans aucune responsabilité publique ou politique», a déclaré Noel Burke, vice-président de l’Association des commissions scolaires anglophones du Québec.
Diane Nault, ex-commissaire de la Commission scolaire des Hauts-Bois-de-l’Outaouais (CSHBO), a déclaré que le projet de loi lui a fait perdre toute confiance dans le gouvernement. «Ce samedi a été un jour sombre. Il n’y a rien dans le projet de loi qui aidera nos jeunes», a-t-elle déclaré au Journal. «Les résidents perdent les services basés dans leurs communautés, comme cela s’est produit avec la fusion des services de santé en 2015. Les directeurs généraux n’auront pas de comptes à rendre aux citoyens et devront rendre des comptes au ministre, qui prendra toutes les décisions».
Mme Nault pense que les petites écoles pourraient être en danger. «La ministre peut désormais les fermer sans consultation, alors que nos commissaires élus avaient mis en place des politiques pour les maintenir», a-t-elle conclu.
Le député de Pontiac, André Fortin, n’avait pas répondu au moment de mettre sous presse.