Temps supplémentaire obligatoire
Les infirmières et infirmiers se tiennent debout
Partout au Québec, une journée de mobilisation de la part des infirmières et infirmiers contre le temps supplémentaire obligatoire (TSO) a eu lieu le lundi 8 avril. À cette date, le personnel a refusé d’obtempérer aux indications de leurs supérieurs, à l’effet d’effectuer deux quarts de travail d’affilée.
Évoquée à l’unanimité, une réelle pénurie d’infirmières et infirmiers touche l’Outaouais. Dans les circonstances, depuis plusieurs années, de nombreux infirmiers et infirmières effectuent des heures supplémentaires obligatoires. Le personnel ne se trouve pas du tout emballé par l’idée et plusieurs dénoncent ces conditions de travail propre au milieu de la santé.
En conséquence, de nombreux épuisements professionnels ont été répertoriés au cours des dernières années.
Ce temps supplémentaire est dû à un fort taux d’absentéisme ainsi qu’à une pénurie de main-d’œuvre, soutiennent tous les centres de santé intégrés du Québec. Lors de la dernière campagne électorale, le gouvernement Legault a suggéré de mettre fin à cet exercice de travail.
Le syndicat des professionnelles en soins de santé du Québec (SPSQ) demande que ses heures supplémentaires obligatoires ne soient imposées qu’en dernier lieu, advenant une situation exceptionnelle.
Le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) est avare de commentaires quant à la journée de manifestations des infirmiers et infirmières du Québec. Relativement au phénomène de pénurie, le CISSSO n’a pas les chiffres exacts du manque de personnel infirmier étant donné que ce chiffre change constamment. Cette pénurie est reliée à tous les types d’emplois du domaine de la santé tient à rappeler le centre intégré de la région. Pour remédier aux cas de « burnouts » dus aux emplois exigeants, le CISSSO a des plans d’action ainsi qu’un programme d’aide aux employés, admet une relationniste média du centre intégré de santé de la région.
Le syndicat satisfait de la journée sans TSO
Lyne Plante, présidente du syndicat des professionnelles en soins de l’Outaouais (SPSO), se dit satisfaite de la journée sans TSO. Partout en Outaouais, cette dernière n’a pas rapporté un seul cas de TSO pour l’ensemble des professionnels en soins dans les établissements de santé. Des membres du SPSO étaient déployés dans tous les centres de santé pour s’assurer que tout se déroulait bonnement aux changements de quarts.
Le syndicat admet qu’il peut tolérer les temps supplémentaires uniquement lorsque la situation est urgente et que les employeurs n’ont pas d’autres choix. Avec la réalité du TSO, les professionnels de la santé doivent jongler difficilement avec leur conciliation travail-famille. « Que tu aies des enfants ou pas d’enfants, on a tous une vie personnelle », admet Mme Plante. « C’est beaucoup de facteurs de stress: tu rentres au travail et tu ne sais pas si tu seras capable de sortir au bout de 8 heures », ajoute la présidente du SPSO.
Plante indique que le TSO n’est pas l’unique problème puisque le non-remplacement du personnel joue dans la balance. « Depuis janvier jusqu’au 31 mars, connu par le syndicat, il y a eu 90 TSO de fait par le personnel de la santé en Outaouais », précise la présidente du syndicat.
De plus, comptant approximativement 76 000 membres, l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ) se dit préoccupé par les conditions de travail de son personnel. Les temps supplémentaires ont pour conséquence « un effet sur les conditions d’exercice des infirmières et infirmiers, et conséquemment sur la qualité des soins offerts aux patients », selon l’OIIQ.
« Avant de quitter leur quart de travail, ils doivent s’assurer de prendre les moyens raisonnables en vue de veiller à la continuité des soins et traitements en avisant leur gestionnaire de leur incapacité à poursuivre leur travail, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils doivent assurer leur propre relève », a déclaré l’OIIQ.
Au Québec, l’ordre est divisé en douze sections, dont une en Outaouais. Selon l’OIIQ, il y a 2451 infirmières et infirmiers en Outaouais (3,3% du total provincial).
En date du 9 avril, sur le site du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO), il y avait 64 emplois en soins infirmiers à combler.