École à la maison
Les parents-éducateurs manifestent leur mécontentement
Réunis au centre alimentaire d’Aylmer, un groupe de parents qui enseignent l’école à la maison ont fait connaitre leur point de vue sur les nouvelles mesures que tente d’implanter le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.
Les parents ont vivement critiqué le manque de communication du ministre tout au long du projet.
« Malgré les lettres de mécontentement, les manifestations, les tentatives de nos associations et des chercheurs de contacter le ministre, le mémoire déposé par l’AQED, et la demande des familles de retarder le projet de loi pour laisser le temps au nouveau règlement actuel de faire ses preuves, ce dernier n’en fait qu’à sa tête et mentionne qu’il est important que le règlement soit imposé immédiatement pour protéger les enfants. ».
« Il a suspendu la table de concertation, il ne veut pas répondre aux associations qui représentent les groupes de parents, il refuse de répondre à nos questions, il prend des décisions selon ses valeurs personnelles et il se fout de ce que les autres ont à dire ».
Présent à la réunion pour écouter ce que les parents éducateurs avaient à dire, le député fédéral du Pontiac, André Fortin, a exprimé son support pour leur cause :
« Ça fait même pas un an qu’on a changé le programme et au lieu d’attendre pour voir si le corps actuel fonctionne ou pas, on arrive et on passe au-dessus avec un bulldozer ».
« Le gouvernement en place semble juste ne pas croire à ce modèle d’éducation là de façon purement idéologique »
Ce n’est pas la première fois dans les derniers mois que le ministre caquiste a subi des critiques du genre.
Le mois dernier, plusieurs parents n’ont pas apprécié le changement soudain aux normes du seuil de réussite quelques semaines avant le début de la période des examens du ministère.
APPELE-Quebec, l’organisme qui s’est chargé de la défense des droits scolaire des anglophones au Québec a vivement critiqué monsieur Roberge et son manque d’ouverture en ce qui a trait au projet de loi 86 qui abolirait les commissions de scolaire, une décision qui viendrait brimer les droits fondamentaux des Québécois anglophones.
Les règles à l’heure actuelle
Le système présentement en place a été mis en place par l’ancien ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, en avril 2018 dans le cadre de la loi 144.
Cette loi encadre les parents éducateurs et leur impose des normes et des standards de communication avec des autorités éducatives notamment par la déclaration obligatoire des enfants au ministère et la création de la Direction de l’enseignement à la maison (DEM) à l’intérieur du ministère.
Pour chacun de leurs enfants, les parents doivent envoyer un avis au ministère pour les aviser qu’ils seront éduqués à la maison. Tous les enfants non déclarés au ministère peuvent être retrouvés grâce à l’assurance maladie.
Le DEM fait le suivi des familles de façon constructive et les assiste dans l’élaboration du curriculum de leurs enfants. Cet encadrement inclut le développement d’un plan d’apprentissage, de deux bilans, d’une rencontre de suivi et d’une évaluation ; tout cela devant inclure le français, les mathématiques, une langue seconde et une compétence pour chaque domaine nécessaire à l’obtention du diplôme, soit science, arts, développement de la personne et univers social.
En fin d’année scolaire, plusieurs modes d’évaluation s’offrent aux familles dont la prise d’un examen ministériel, une évaluation réalisée par une commission scolaire, une évaluation par une école privée, une évaluation d’un titulaire de permis d’enseigner, un portfolio soumis au ministère ou bien par une évaluation formelle réalisée par le DEM.
Les changements proposés par la CAQ
Le règlement proposé par le ministre Roberge obligerait l’admission de tous les examens du ministère et imposerait le système de progression des apprentissages du secteur public d’enseignement aux parents éducateurs.
L’enfant sera requis de participer à des rencontres régulières avec des chargés de suivi du ministre et devra être évalué de près par une commission scolaire.
Finalement, la matière enseignée devra être enseigné dans le même ordre proposé par le ministère, une obligation qui selon Jesse Deslauriers, mère éducatrice, viendrait dénaturer l’école à la maison et lui retirer sa plus grande force :
« Si on est obligé de faire tout exactement comme les écoles publiques, c’est quoi le but de l’école à la maison ? La raison que les jeunes qui font l’école à la maison réussissent si bien c’est justement parce qu’on peut mieux porter attention à leurs besoins et jouer avec le curriculum pour pouvoir mieux maintenir leur motivation et faire valoir leurs intérêts ».
L’entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire est prévue le 1er juillet 2019.
Ce que les familles proposent
Les familles qui se sont présentées au centre alimentaire ainsi que l’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED) demande un délai au changement pour au moins 3 ans afin de pouvoir évaluer si le système actuel doit être modifié, mais a proposé diverses avenues si jamais le règlement est adopté immédiatement.
Ces pistes proposées sont :
- De consulter la table de concertation avant de l’officialiser.
- D’imposer les compétences du programme plutôt que la progression des apprentissages leur permettant une certaine autonomie
- De remplacer le terme “examens ministériels” par “évaluations ministérielles” qui pourraient être administrées sous plusieurs formes telles que le portfolio.