LETTRE
---- Les pays du Sud, à la croisée des chemins (reponse à M. Pières)
Le secrétaire général de l’ONU a déclaré que “Les systèmes économiques [...] doivent prendre en compte la biodiversité et investir dans la nature”. Dans la foulée, 74 pays ont signé en septembre dernier un engagement pour atteindre la carboneutralité en 2050. Mais est-ce vraiment réaliste pour les pays en développement?
Il faut d’abord savoir que les pays en développement sont moins résilients aux catastrophes naturelles dues aux changements climatiques. La pandémie offre une opportunité pour réduire les GES. Le ralentissement d’une économie basée sur les hydrocarbures crée des conditions économiques propices à un virage vert. Les échanges commerciaux se sont réduits, les pays se tournant vers leur marché intérieur. Le Coronavirus a donc ouvert la réflexion sur des modèles économiques et sociétaux alternatifs.
Les solutions commencent par des mesures de relance économique. Le système de prêt international empêche souvent les États d’investir dans des politiques vertes. La réalité est qu’il faudrait modifier les contreparties des prêts imposés aux pays du Sud, qui pourraient alors financer des systèmes alimentaires alternatifs. Ainsi l'agroécologie consiste à maximiser la biodiversité et à stimuler les interactions entre différentes plantes et espèces. Selon IPES Food (2016), cette alternative permet une durabilité des agrosystèmes, autant pour les agriculteurs, économiquement, que pour l’amélioration de la capacité des sols; une meilleure séquestration de carbone avec le couvert végétal par de petites exploitations utilisant des techniques agroécologiques traditionnelles; une efficacité énergétique deux à quatre fois supérieure aux exploitations industrielles, et une réduction des transports, à condition que les matières exploitées du pays restent dans le pays. Donc les émissions de GES en seraient fortement réduites.
La pandémie crée finalement de nouvelles opportunités économiques et politiques pour les pays du Sud qui, comme le reste du globe, devront opter pour des énergies durables, parce qu’il y a urgence. Il faut orienter les investissements agroalimentaires vers des modèles compatibles avec la biodiversité.
Ambroisine Périès, étudiante en Développement International
Aylmer / Gatineau