Les ruines du barrage seront détruites
Deschênes perdra-t-il son patrimoine local important?
Selon le conseiller de Lucerne, Mike Duggan, le compte à rebours pour la destruction des Rapides Deschênes est commencé. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) démolirait les ruines du barrage hydroélectrique aux rapides prisés. Selon le conseiller Duggan, le conseil municipal a choisi de laisser le MTQ prendre la décision.
« Le MTQ opte pour la destruction du barrage pour des raisons de sécurité publique », dit M. Duggan, « Je n’en suis pas content mais personne n’offre d’alternative raisonnable. Les murs sont dans un état de dégradation avancée, la plupart se sont déjà effondrés; il est question ici des deux sections qui sont toujours debout. Si jamais des gens ont les ressources nécessaires pour les reconstruire (en barrage hydroélectrique) ou de les rendre sécuritaires pour les activités nautiques, j’aimerais bien travailler avec eux. »
Les ruines et des terrains à proximité sont la propriété du MTQ; ce dernier est donc responsable de la sécurité dans ce secteur. Au printemps 2015, le MTQ avait présenté aux responsables municipaux des scénarios pour assurer la sécurité à cet endroit. La démolition des ruines, l’ajout d’un enrochement de protection et une estacade comptait parmi les options. Pour le MTQ, l’option la plus sécuritaire est la démolition des ruines. Le conseiller de Deschênes, Richard Bégin, n’est pas d’accord avec cette option.
« On ne démolit pas une maison parce qu’elle n’a pas été entretenue », dit le conseiller Bégin, « Le MTQ et Hydro-Québec n’ont pas entretenu le barrage depuis qu’ils en sont devenus propriétaires dans les années 1970. Au cours des années 1990, il y avait un projet de réactivation du barrage mais il fut abandonné, comme le furent d’autres petits projets de centrales électriques au Québec. La démolition n’est pas certaine mais comme le barrage appartient à la province, Gatineau n’a pas d’autorité sur cette question. »
Selon le MTQ, depuis 2007, 20 interventions en matière de sécurité ont été effectuées dans le secteur et six individus sont morts ou disparus. Même avec les panneaux avisant des dangers, les gens continuent de s’aventurer près des ruines.
Dans son budget de 2015, la Ville avait réservé 45 000$ pour améliorer l’endroit mais le dossier stagne depuis au grand déplaisir des résidents. « J’ai des voisins qui se plaignent de l’inaction et me disent de ‘soit les préserver ou les détruire’ », confie M. Duggan au Bulletin.
Selon M. Bégin, même sans les ruines, les rapides sont un endroit dangereux. « À cet endroit, les Autochtones faisaient des portages à cause du danger imminent des rapides. Donc, barrage ou non, l’endroit a toujours été et sera toujours un obstacle dangereux en particulier pour le canotage, le kayak ou la navigation de plaisance », ajoute M. Bégin.
Un lieu patrimonial important
Le barrage hydroélectrique aux Rapides Deschênes fut construit au 19e siècle par la réputée famille Conroy. Le barrage alimentait Aylmer en électricité ainsi que l’ancien tramway électrique de Hull. C’est l’un des derniers vestiges de Deschênes de cette époque.
Pour célébrer cette histoire, en 2012, l’Association des résidents de Deschênes (ARD) en collaboration avec l’historienne Michelle Guitard, avait produit un rapport identifiant les Rapides Deschênes comme site patrimonial. Selon la Loi sur le patrimoine culture de 2011, qui reconnaît le patrimoine immatériel et les paysages culturels patrimoniaux, si les rapides étaient désignés patrimoine culturel, ils seraient sous la protection de la Ville en tant que monument patrimonial les protégeant ainsi de modifications inappropriées ou de la destruction. La demande de l’ARD pour la protection des rapides est demeurée sans réponse. Le MTQ n’a pas pu accorder d’entrevue au Bulletin avant d’aller sous presse.