LETTRE
Lettre ouverte au ministre Fortin
Dans le cadre des consultations sur le projet de loi no 165, Loi modifiant le Code de la sécurité routière et d’autres dispositions, l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) plaide en faveur du principe de prudence.
Ce principe se traduit par l’imposition de mesures préventives lorsqu’une situation est susceptible de provoquer des effets nocifs pour la santé. Puisque la prudence semble guider le législateur dans l’application de son projet de loi, pourquoi aucune mesure administrative n’est prévue pour les conducteurs avec les facultés affaiblies ayant un taux d’alcoolémie se situant entre 0,05 et 0,08 ?
Les études consultées sont unanimes, le risque de collision et de blessures augmente de manière exponentielle en fonction de la hausse du taux d’alcoolémie. Pour mettre de l’avant le principe de prudence, il faudra tenir compte des données probantes à ce sujet.
Abaisser la limite légale du taux d’alcoolémie fait consensus au sein de la communauté scientifique : le risque de mourir dans un accident de la route triple chez les conducteurs dont le taux d’alcoolémie se situe entre 0,02 et 0,05. Ce risque augmente d’au moins six fois chez les conducteurs dont le taux d’alcoolémie se situe entre 0,05 et 0,08 et de 11 fois entre 0,08 et 0,101.
Malgré les campagnes de sensibilisation au sujet des risques associés à la conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool, plus d’un Québécois sur deux admet avoir pris le volant après avoir consommé de l’alcool.
Il est plus que jamais nécessaire d’envisager d’autres mesures afin de réduire ce taux de conduite à risque. L’ASPQ recommande donc au gouvernement d’imposer des mesures administratives semblables à celles des autres provinces canadiennes, pour tout conducteur ayant un taux d’alcoolémie se situant de 0,05 à 0,08 ainsi qu’à celui qui échoue au test de sobriété normalisé sur le terrain. Parmi les sanctions à envisager, notons l’imposition d’amendes et même le retrait temporaire du permis de conduire, notamment.
Enfin, une mesure d’abaissement du taux d’alcoolémie ne peut être efficace que si elle est accompagnée de contrôles routiers de détection d’alcool et de campagnes médiatiques soutenues.
Émilie Dansereau-Trahan
Association pour la santé publique du Québec
Québec, Qc