ÉDITORIAL
Libérez-nous…
Allez, une dernière fois avant l’été! La session parlementaire se termine, c’est l’heure des bilans. Le gouvernement Couillard, qui avait promis de laver plus blanc, qui affichait son intégrité pour le bien commun dans sa poursuite du Saint-Graal (le déficit zéro), celui qui déclarait à Paris que respect de l’environnement, des populations et croissance économique allaient enfin rimer, doit maintenant commencer à rendre des comptes.
Et selon moi, c’est pas joli-joli… Au-delà des belles paroles et des déclarations d’intention de notre premier ministre. Faisons un petit peu le tour du propriétaire. À commencer justement par la « Loi sur les mines », oups! Excusez-moi, la « première loi sur les hydrocarbures de l’histoire du Québec » (ou projet de loi 106). Je suis un peu confus à cause du copier-coller que le gouvernement a fait concernant les droits des entreprises pétrolières, qui ressemblent à s’y méprendre à ceux des minières par le passé. En gros, si votre jardin les intéresse, vous pouvez être expropriés; mais cette compagnie (capable de payer annuellement à temps plein une dizaine de lobbyistes) devra vous offrir d’abord une indemnité que vous pourrez négocier. Rassurés? N’ayez pas peur, la loi nous protège…
Continuons dans le progressisme : les conditions de nos détenues à la prison Leclerc? Tout va bien nous affirme le ministre Coiteux; non, les conditions de vie ne ressemblent pas à celles du XIXe (promiscuité avec les hommes, surpopulation, manque d’hygiène, etc.), mais pas de visite par des observateurs externes, s’il vous plait… Pourquoi donc? Devrons-nous faire appel à l’ONU?
Projet de loi 70 sur l’aide sociale? C’est connu, un chômeur ou un bénéficiaire du bien-être social ne cherche pas vraiment à travailler, sinon ils travailleraient, allons, un peu de bon sens. Et 600 $ par mois pour vivre, c’est largement suffisant, alors pour mettre un peu de pression et les pousser à être proactifs, pourquoi ne pas leur couper cette somme par deux? Ils se bougeront enfin…
L’insertion des nouveaux arrivants au Québec? Bien sûr qu’on va leur donner des cours de français, même s’il est vrai qu’il y a 6 mois d’attente pour en bénéficier; et pas question d’augmenter le budget ou d’engager de nouveaux enseignants : en rationalisant les ressources, on doit pouvoir faire mieux avec autant. C’est le simple bon sens, comme dirait le bon docteur Barette.
Tiens, parlons santé. Vous voyez la différence, vous? Avez-vous maintenant un meilleur accès à un médecin de famille, à un spécialiste, à une chirurgie? Les chiffres ne trompent pas : nous sommes encore bons derniers dans ces domaines, malgré les restructurations et la mise à pied de milliers de fonctionnaires... et je ne parle même pas de la méthode!
La réforme du droit familial pour prendre en compte les nouvelles réalités des couples aujourd’hui? Cette réforme tant attendue, préparée par un comité consultatif mandaté par M.Couillard en personne n’a abouti… à rien! Vous me direz : ce comité n’était que consultatif, ça y est, le gouvernement l’a consulté, et il a choisi de ne rien faire. C’est correct. Pourtant, il reste de nombreuses questions à régler, notamment celles du régime parental impératif, du patrimoine familial ou des mères porteuses.
Tout ça dans le même temps où on a coupé dans l’éducation et dans la culture (renseignez-vous sur le financement des festivals). Le problème est systémique avec les libéraux, mais il n’est pas une fatalité hors de notre contrôle. Après tout, c’est nous qui avons élu cette équipe au pouvoir, nous qui cédons à la panique au mot de « souveraineté » ou de « laïcité » et reconduisons ces libéraux si aimés-détestés…