ÉDITORIAL
Notre « Grande bibliothèque »
Aylmer se dote d’une nouvelle bibliothèque… sur le Plateau ! C’est bien, c’est officiellement dans notre secteur, mais bon. On peut même dire qu’elle portera le nom de l’une de ces quatre femmes qui ont marqué l’histoire de notre région : Marie-Thérèse Archambault, Donalda Charron, Gabrielle Déziel-Hupé ou Clara Lanctôt. Sa construction a commencé à l’automne dernier, pour se terminer au printemps 2020.
Et la bibliothèque Lucy-Faris, du nom de la première bibliothécaire d’Aylmer? Avec le nouveau conseil municipal, l’an passé, un nouveau consensus s’est imposé, afin que Lucy-Faris reste « centre-ville », en lieu et place de l’actuelle bibliothèque. Le coût en serait trois fois plus cher que de la reconstruire ailleurs, avançaient alors les détracteurs de cette vision. Et alors? Combien sommes-nous prêts à payer pour un tronçon d’autoroute? Ou un aréna, dont les services sont en plus payants? Les nouveaux paddocks pour les courses de formule 1 ont coûté à Montréal et au gouvernement québécois pas moins de 76 millions !
Sans reprendre l’argumentaire au complet, on peut rappeler que Lucy-Faris est la deuxième bibliothèque la plus achalandée de la ville, mais c’est surtout parce qu’une bibliothèque n’est pas simplement un endroit avec des livres ou des DVD à louer pour pas cher, ou pour aller jouer en réseau gratuitement. Et pas plus qu’en santé, nous ne devrions même pas y associer le mot « rentabilité »…
En effet, les bibliothèques sont un service (culturel) essentiel, ouvert à tous, quels que soient le portefeuille, les caractéristiques ethniques, sexuelles, d’âge ou de condition. Loin de la surabondance et des logarithmes qui nous gavent d’infos prémâchées, une bibliothèque nécessite de l’effort, un vagabondage intelligent, tout en restant accessible. C’est un espace communautaire concret et non virtuel. On y rencontre de vraies personnes, avec lesquelles on peut interagir (ou pas, si l’on veut rester dans sa bulle). Et cela pour la noble cause de l’éducation, de l’accès au savoir, si cruciale en démocratie. Une bibliothèque est un sanctuaire.
De plus, une étude a prouvé qu’une personne se rendant à la bibliothèque dépense en moyenne 24 $ en achats divers, dans les environs, autant dire sur la rue Principale, qui n’a pas été rénovée sans raison… Il faut donc la garder « en ville »; les Aylmerois s’identifient fortement à leur environnement urbain et à des lieux tels que la rue Principale, la marina, la plage et les différents parcs, les nombreux petits commerces… et leur bibliothèque.
Audrey Bureau veut lancer une campagne de sociofinancement pour compléter le budget de 55 millions prévu par la ville (juin 2018). Un projet qui prévoit la destruction de l’immeuble de Place-des-pionniers pour en reconstruire un nouveau, au même endroit. La nouvelle structure serait théoriquement écoresponsable, disposerait de la technologie de pointe Net zéro, comporterait quatre étages, au moins 2700 mètres carrés, en plus d’être multifonction (centre de services de la ville, salle communautaires, etc.), et donc 100 % utilisée. Reste l’aval du conseil municipal dans les semaines à venir…
Chez nos voisins ontariens, le gouvernement Ford a annoncé qu’il coupait de moitié le financement des bibliothèques publiques, dont le prêt interbibliothèques faisait partie, par exemple. Qu’en est-il de la position du gouvernement Legault? Faisons en sorte de combattre cette tendance en continuant de construire des bibliothèques et en augmentant leur financement.