ÉDITORIAL
Notre ville, intelligente ?
L’autre soir, je me disais : mon coin de rue est bien triste pour des enfants qui voudraient célébrer Halloween. Moi le premier, situé sur le chemin Eardley, là où les voitures circulent plutôt en grand nombre, dans un quartier qui a vieilli, avec peu de familles, qu’aurais-je à offrir ? Et puis si les jeunes doivent parcourir 500m avant de trouver une autre maison à visiter... Je ne décore même plus pour l’occasion ; le 31 octobre, c’est maison morte !
Si vous êtes passé-e près de l’École du Village dernièrement, à quelques pas de là justement, vous avez remarqué une nouvelle voie cyclable (en plus du trottoir lui-même), mais qui s’arrête à l’école. J’essaie de comprendre la logique. Quitte à détruire et reconstruire, n’eut-il pas été plus visionnaire et encourageant que la piste cyclable s’allonge tout le long d’Eardley, du centre du village jusqu’au boulevard des Allumetières ? Comment rendre notre ville plus engageante, plus conviviale, plus… « humaine » ?
Un-e citadin-e qui vit dans un milieu défavorisé a une espérance de vie de 8 ans moindre que celui ou celle d’un milieu favorisé. C’est évidemment inacceptable. Et un milieu de vie plus sain a son rôle à jouer, comportant par exemple moins d’îlots de chaleur l’été, ou de bruit, et un meilleur accès à une alimentation de qualité. Concrètement, des simulations numériques adéquates, grâce à un système de capteurs de données judicieusement placés, pourraient par exemple déboucher sur le choix de toits blancs plutôt que la plantation d’arbres pour réduire la canicule.
Les chercheurs se penchent sur ce concept de ville dite « intelligente » - qui utilise la haute technologie au service du mieux-vivre – et cela nous touche de près, puisqu’une majorité de la population est désormais urbaine. En effet, qui ne voudrait pas d’un environnement qui favorise les liens sociaux, la santé physique et mentale, la mobilité et le développement durable ? Le hic est que cela risque de s’accompagner d’une augmentation énorme de l’électronique… Au détriment des personnes ? Pas forcément.
Je ne parle même pas des avantages en matière de consommation d’énergie des bâtiments, du partage des véhicules, des transports en commun ou de la gestion des déchets. Attention, tout cela ne fonctionnera que si nous, en tant qu’individus et en tant que communauté, prenons des décisions afin de changer nos infrastructures et nos approvisionnements énergétiques. Par exemple, une application qui aiderait à trouver une place de stationnement plus vite ne serait véritablement intéressante que si nous abandonnons l’essence.
Peut-on imaginer que même des villes de taille moyenne comme Gatineau décident de s’offrir un environnement urbain qui améliore la mobilité et combatte les déserts alimentaires, en utilisant des données numériques ? Ainsi, les citoyens pourraient mieux planifier leurs trajets, trouver les sources d’une alimentation de qualité près de chez eux, bénéficier de meilleurs et plus nombreux services en ligne (comme l’obtention de tous les permis possible), utiliser au mieux les stationnements ou - enjeu majeur – voir ses données protégées par une charte des données numériques.
Si l’on ne veut pas se retrouver dans des villes à la Blade runner ou ressemblant à Gotham city dans quelques décennies, il faudra penser différemment et voir plus loin qu’un pseudo écoquartier comme Connaught ou qu’un projet tel « Destination Vanier ».